Salut les boursomaniaques !
Condensé d'un article que j'avais écrit en 2010 avec remise au goût du jour ... et je crains d'en refroidir plus d'un/e en résumant l'histoire de cette petite entreprise :
Tigenix a développé avec son ChondroCelect une procédure de culture de cartilage sain (à extraire) du patient à traiter, à réimplanter après croissance de celui-ci, dans le but de réparer des lésions accidentelles. Il s'agit donc d'une chirurgie de réparation invasive nécessitant au moins 2 interventions en milieu hospitalier.
Celle-ci ne s'adresse qu'aux patients jeunes et en bon état physique, généralement des sportifs.
Elle n'est pas du tout indiquée dans les pathologies arthritiques communes, les plus fréquentes dans ce domaine. Son utilisation est donc limitée (environ 20 % des pathologies de ce type soit à peine quelques centaines de cas par an sur le marché européen) et par conséquent sa commercialisation aussi. On peut donc parler ici d'un produit de niche, d'autant qu'il existe quelques autres acteurs de par le monde étudiant ou commercialisant déjà cette technique.
Pour la première comme pour la seconde indication, il existe des méthodes moins invasives (par arthroscopie) et par conséquent moins coûteuses aussi, critère essentiel pour assurer une diffusion optimale. D'autant plus que les chirurgiens préfèrent généralement les méthodes plus rapides et moins coûteuses ... et comme ce sont ces spécialistes qui influencent généralement les décisions en la matière, on peut comprendre que la technique développée par Tigenix possède moins de supporters, même si elle est déjà acceptée dans un certain nombre de pays.
Sur ce plan, ils préfèrent le plus souvent la technique de microfracture par arthroscopie MACI (matrix-induced autologous chondrocyte implantation) que commercialise Genzyme qui, par ailleurs pour l'investisseur, possède une palette bien plus diversifiée de solutions médicales et pas seulement dans ce domaine. En développement par Genzyme : une nouvelle étude MACI en cours depuis 2010 qui sera finalisée en 2015 (actuellement en phase d'essai sur des patients volontaires), constituant ainsi une solution de plus.
Entretemps, Tigenix a tenté de redresser la barre, s'alignant sur le choix de Genzyme en s'associant momentanément à une biotech italienne qui commercialisait un produit similaire, à finaliser sous une nouvelle technique dénommée ChondroCelect 3D. La suite a été le développement d'un produit plus mature, le Chondromimetic, qui avait quant à lui un gros handicap : l'utilisation de tissus d'origine animale, source de certains rejets.
Jusqu'à ce jour, Tigenix n'a vécu que sur ce produit qu'elle est arrivée à faire admettre au remboursement dans plusieurs pays européens puis au Moyen-Orient, ce qui a consommé beaucoup de trésorerie l'obligeant à faire régulièrement appel à de nouveaux capitaux.
Depuis lors, elle développe l'étude de 2 ou 3 autres produits dont un médicament pour le traitement des fistules périanales, complications de la maladie de Crohn (en phase 3), un second destiné au traitement de la polyarthrite rhumatoïde (en phase 2).
La finalisation de ces études n'est attendue que pour la fin de 2014, du moins pour la première.
Cela suppose une consommation de trésorerie non négligeable. Entretemps, la commercialisation du chondroselect (dont le CA a augmenté de 55 % au T1-2013 par rapport au T1-2012) épuisera aussi une bonne partie de la trésorerie : à la fin du T1 de 2013, les liquidités n'étaient plus que de 6,8 millions €.
A moins de pouvoir trouver de nouveaux mécènes ou parrains dans les prochains mois, Tigenix risque de devoir faire encore appel à des capitaux frais ...
La dernière augmentation de capital date de décembre 2012 et a pris de court les investisseurs privés qui n'ont pu y participer. Résultat : dévalorisation de 22 % du cours par rapport au prix de l'action cotée, l'AK ayant été offerte à 0,78 €. Ce n'était pas la 1ère fois que la société agissait ainsi. Ceci dit, d'autres biotech's ont également procédé de la sorte au cours de leur existence.
Ces dernières semaines, plusieurs actionnaires institutionnels ont vendu leurs actions acquises lors des augmentations de capital précédentes, mettant ainsi fin à des accords les liant à Tigenix, dont certains datant de 2009.
Pourquoi ? Mystère.
C'est très probablement ce désengagement qui a fait chuter le titre jusqu'à 0,68 € en fin de séance de ce jour.
A l'actif de l'entreprise, il faut mettre la présence d'actionnaires pharmaceutiques pour environ 6 % du capital chacun : Novartis et Roche, Genetrix (une biotech) possédant près de 5 %. Parmi les investisseurs dits institutionnels, Ventech détient environ 6%, Ysios Capital et LSP III Management se partagent un peu moins de 10 % des actions.
En résumé, voilà une biotech qui n'a qu'un produit commercialisé et ... à peine 2 études à finaliser dont l'issue est, comme avec toutes les études de ce genre, plutôt incertaine.
Pour rappel, elle vient d'un cours à près de 5 euros en 2008 ! Depuis novembre 2009 où elle était à 4,43 €, elle n'a fait que descendre ...
Son plus bas d'un an : 0,44 € le 23/05/2012 - Son plus haut : 1,43 € - Sa valeur comptable : 0,60 €
Un analyste la voyait à 3,25 € en 2012 ! Particulièrement optimiste, le gars (me souviens plus de qui il s'agit) !
Pour spéculateurs uniquement, en somme.
Cordialement,
Docanski
