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Re : La Fiscalité - nationale et internationale...

"Nos" banquiers .......



Fiscalité et lobby bancaire

de Callatay
Chief economist, Orcadia Asset Management (Echo, de ce jour)

Le contraste est vraiment frappant! D'un côté, il y a le rejet profond et explicite par les clients concernés de la nouvelle taxation des comptes-titres. De l'autre, il y a la résignation du secteur bancaire, qui ne semble pas être monté aux barricades pour s'opposer à cette taxation. On aurait pourtant pu penser que le lobby bancaire allait se faire entendre à propos de cet impôt qui cumule les tares: il va à contresens de ce qui est observé ailleurs en Europe, il crée un effet de seuil à 500.000 euros tel que celui qui a 500.200 euros a moins que celui qui a 499.800 euros, il crée une nouvelle charge administrative, il ne vise arbitrairement que certaines formes de détention de patrimoine et crée de ce fait des distorsions aussi injustifiées que nuisibles.

Les banques n'ont pas toujours eu la réputation de défendre les intérêts de leurs clients, mais de plutôt penser à leurs intérêts propres, en tant qu'entreprises. Il se comprend que, s'agissant par exemple de la tarification de leurs services ou de la transparence des produits commercialisés, les intérêts des banques divergent de ceux des clients. Toutefois, s'agissant de fiscalité bancaire, on aurait pu s'attendre à ce que les banques s'opposent de manière forte et visible à une taxation qui, en pénalisant leurs clients, les pénalise également. Ici, en montant au front, elles auraient pu se montrer sous un jour plus favorable, tout en servant leurs intérêts.
Partie émergée

Bien sûr, du travail du lobbyiste, on ne connaît que la partie émergée. Il est possible que des actions discrètes aient été menées, mais la surprise demeure devant ce silence du secteur. Dès lors, et en prenant garde à ne pas faire de procès d'intention, on est habilité à se demander si cette taxe, aussi sotte soit-elle, n'a pas, d'une certaine manière, reçu l'aval du secteur bancaire belge. Bien entendu, il ne s'agit ici que d'une pure spéculation intellectuelle, où l'ignorance de ce qui s'est réellement passé permet un tel exercice gratuit.

L'hypothèse du silence volontaire du lobby bancaire vient d'un fait antérieur à la taxation des comptes-titres, à savoir la résignation du même lobby devant une autre taxe parfaitement idiote, à savoir la taxe sur les opérations de Bourse (TOB) appliquée aux sicav de capitalisation. Toute vente d'une telle sicav est frappée d'une taxe de 1,32%, avec un plafond de 2.000 euros, porté le 1er janvier 2017 à 4.000 euros. On se serait attendu à entendre le secteur bancaire vociférer contre une taxe stupide qui pénalise la mutation dans la composition d'un portefeuille sans qu'on puisse opposer l'argument qu'il s'agit d'entraver une quelconque forme de spéculation. Or, on ne l'a pas vraiment entendu, alors que les sicav de capitalisation font partie de l'éventail de base des produits commercialisés par les banques. Une explication, surprenante, vient à l'esprit si on la critique. Elle est que cette taxe n'embête pas vraiment les banques, et cela pour deux raisons. D'abord, elle est payée par le client, pas par le secteur lui-même, à la différence d'autres taxes bancaires. Ensuite, qu'elle crée de l'inertie dans les portefeuilles peut servir les intérêts des banques en place. En effet, quand les performances sont mauvaises, elle dissuade le client d'aller voir ailleurs. De plus, elle incite le client à ne vendre des parts de sicav qu'après avoir épuisé les alternatives à la génération de liquidités.
Ecouter le secteur

S'agissant de la taxation sur les comptes-titres, une hypothèse du même acabit, ici encore gratuite, est que le gouvernement fédéral ait fait savoir au secteur financier qu'il lui imposait une contribution supplémentaire au budget justifiée par la bonne santé recouvrée du secteur et par le fait que les banques allaient, par ailleurs, bénéficier d'autres mesures budgétaires prises par ce même gouvernement. Ce dernier a pu laisser au secteur le soin de choisir les modalités, qui a pu trouver avantage à suggérer que la contribution additionnelle ne provienne pas d'une taxe supportée directement par les banques elles-mêmes mais d'une taxe supportée par les clients. Et déporter la charge vers les clients n'est pas tout! En effet, taxer les comptes-titres tout en gardant l'exonération de l'assurance-vie - alors que la France de Macron vient de faire fondre les privilèges de cette dernière -, a aussi une vertu pour les banquiers qui sont simultanément des assureurs, celle d'offrir sur un plateau doré un argument marketing en faveur de l'assurance-vie. Or, l'assurance-vie n'a rien à envier aux sicav en termes de captivité des clients et de profitabilité.

Que ce qui précède soit pure élucubration ou proche de la réalité, une mise en garde s'impose: s'il est une bonne chose qu'un gouvernement écoute tel ou tel secteur avant de prendre une décision importante, le corollaire impératif est d'avoir une capacité d'analyse critique pour en évaluer de manière indépendante les véritables conséquences, notamment en termes de gagnants et de perdants.

"Aussi vite que possible mais aussi lentement que nécessaire"

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Le fisc aura un oeil direct sur tout le trafic d'argent

Le fisc et la Justice auront accès à une vaste banque de données répertoriant l'ensemble du trafic d'argent de notre pays, selon un amendement des ministres des Finances Johan Van Overtveldt (N-VA) et de la Justice Koen Geens (CD&V). L'Echo a pu jeter un oeil au projet de loi. La vaste banque de données permettra de savoir, pour chaque habitant de notre pays, quels comptes il détient, quels emprunts il rembourse, où il loue un coffre, s'il a des comptes à l'étranger, a souscrit des assurances placement ou perçoit ou envoie des fonds à l'étranger.

Il faut y voir une extension du point de contact central créé en 2011 par la Banque nationale de Belgique. Les banques de notre pays doivent déjà communiquer une fois par an les numéros de tous les comptes bancaires et autres contrats financiers actifs l'année précédente. Autrefois, seuls les contrôleurs fiscaux avaient accès à ce registre auprès de la Banque nationale, et depuis juillet de l'an dernier, c'est aussi le cas du ministère public, des juges d'instruction et pénaux, ainsi que des notaires.

Cette annualité impose cependant que le registre ne contienne que des informations non actualisées. C'est pourquoi les ministres ont le dessein d'en faire une banque de données "dynamique", qui sera mise à jour régulièrement.

La banque de données contiendra du reste davantage d'informations, par exemple sur les détenteurs de coffres et sur tous les transferts d'argent liquide vers et à partir de l'étranger au travers d'agences telles que Western Union. Outre l'identité des titulaires de comptes, celle des mandataires figurera également au registre. Les assureurs devront eux aussi transmettre des informations au sujet de tous les contrats d'assurance des branches 21, 23, 25 et 26.

Johan Van Overtveldt: "Les discussions se poursuivent au sein du gouvernement, mais cette banque de données doit procurer une plus grande marge de manoeuvre dans la lutte contre la fraude, le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme."

Les juges d'instruction applaudissent eux aussi l'initiative. "Plus la transparence est grande, mieux nous nous en portons: follow the money", a réagi Philippe Van Linthout, président de l'Association des juges d'instruction. Lars Bové

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USA: La réforme fiscale bouleverse la comptabilité des entreprises
(16.01.2018 / 21:32:05)

Washington (awp/afp) - La réforme fiscale américaine adoptée avant Noël bouleverse la comptabilité des entreprises américaines qui annoncent les unes après les autres des charges exceptionnelles faramineuses pourtant sans grande conséquence sur leur rentabilité et leur solidité financière.

Citigroup a annoncé 22 milliards de dollars de charges exceptionnelles mardi. Auparavant, Goldman Sachs avait estimé la sienne à 5 milliards de dollars, le pétrolier britannique BP évoque 1,5 milliard de dollars comme Deutsche Bank...

Mais, comme l'a souligné le PDG de Citigroup Michael Corbat mardi, cette réforme fiscale, dont l'une des mesures phare est d'abaisser le taux d'imposition des entreprises de 35% (l'un des plus élevés de l'OCDE) à 21% va in fine profiter aux entreprises américaines.

Parmi les principales mesures comptables provenant de la réforme figure d'une part, le "DTA" (deferred tax asset) et d'autre part, le passage à une assiette fiscale dite "territoriale".

- 'deferred tax asset' -

Ou "actif d'impôts différés": C'est un artifice comptable dont Citigroup, l'une des principales banques américaines, se montrait très friande, d'où l'ampleur de la charge annoncée mardi. En simplifiant, les entreprises américaines ont payé à l'avance, avant la réforme, des impôts à un certain taux en s'appuyant sur les modalités du précédent régime fiscal et en optant généralement pour le taux maximum, soit 35%. En retour, elles inscrivaient dans leurs comptes comme actif le montant estimé de futures déductions. L'abaissement du taux à 21% fait qu'elles ne peuvent plus tabler sur ces déductions et doivent donc les faire passer de l'actif au passif. Si cela provoque l'inscription d'une charge, cela ne change sur le fond rien à la situation financière du groupe puisque l'impôt a déjà été payé de toute façon.

- La base territoriale -

Il s'agit là d'un mécanisme qui concerne les bénéfices réalisées par les entreprises américaines à l'étranger et qui sont désormais taxés aux Etats-Unis à un taux favorable. Avant la réforme, ces bénéfices échappaient totalement à l'impôt tant qu'ils restaient "parqués" à l'étranger et se retrouvaient imposés à 35% s'ils étaient "rapatriés" aux Etats-Unis. Du coup, cette cagnotte accumulée loin du fisc américain est montée jusqu'à 2.000 ou 3.000 milliards de dollars, selon les estimations, dont plusieurs centaines de milliards de dollars pour des groupes comme Apple, Pfizer ou Oracle.

La réforme offre aux entreprises la possibilité de pouvoir rapatrier cet argent à un taux de 8% pour les actifs illiquides et de 15,5% pour le numéraire, cette fenêtre, limitée dans le temps, s'appliquant que les bénéfices soient rapatriés ou non. Les entreprises doivent donc là aussi inscrire d'importantes charges liées au paiement de l'impôt mais au bout du compte c'est encore de bénéfices qu'il s'agit. La cerise sur le gâteau est qu'une fois les taxes payées sur les bénéfices déjà amassés à l'étranger, ceux réalisés à partir de cette année ne seront plus taxés par le fisc américain mais seulement par celui du pays où ils ont été engrangés.

- Résultat encore flou -

Parmi les autres mesures de la réforme fiscale qui s'appliquent aux entreprises figure la possibilité d'amortir une plus grande partie, voire la totalité, des investissements et plus rapidement. Mais en revanche, elles ne pourront plus déduire autant d'intérêts qu'elles payent sur leur dette. Elles devront aussi payer des impôts sur leurs actifs intangibles, la propriété intellectuelle notamment, détenus à l'étranger pour les inciter à les rapatrier aux Etats-Unis.

Mais quant au résultat final pour les entreprises, il reste encore flou et ne pourra être évalué qu'avec le temps et la jurisprudence fiscale. Mihir Desai, un professeur de finance à Harvard, soulignait dans la prestigieuse revue de l'université Harvard Business Review en décembre après le vote de la réforme qu'"on ne sait pas vraiment".

"Si l'on pense que les multinationales sont gagnantes, ce n'est pas clair du tout". Il rappelle que le taux de 35% était un taux maximum et que le taux véritable une fois appliquées les différentes déductions qui s'appliquaient avant la réforme était déjà proche de 20%, les entreprises devant payer maintenant aussi de nouveaux impôts.

afp/rp

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L'exonération des dividendes portée à 800 euros (LECHO 21 juin 2018 10:00)

extrait

La Chambre planche sur une révision de la réforme de l'Isoc, adoptée il y a seulement six mois.

Afin d’encourager les placements en actions, censés profiter à l’économie réelle, le gouvernement dispensait de précompte mobilier les premiers 627 euros tirés de dividendes. Voilà pour les revenus de 2018.

Un changement s’amorce donc pour ceux de 2019, puisque les 627 euros deviendront 800 euros dès l’an prochain.


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Il faudra bien un jour arrêter de confondre ce qui se vend et ce qui est bien.    Bob Dylan
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Re : La Fiscalité - nationale et internationale...

Rejet d'un recours en suspension contre la taxe comptes-titres
21 juillet 2018 (Echo)

La taxe sur les comptes-titres sera bel et bien perçue en octobre. La Cour constitutionnelle a rejeté un recours en suspension contre la loi du 7 février 2018 qui a instauré ce prélèvement de 0,15% sur la valeur totale de chaque compte-titres d'au moins 500.000 euros. Ce recours avait été introduit par Antoine Buedts, un particulier de Flandre orientale qui considérait que la taxe était "incroyablement inéquitable" parce que "les revenus des titres sont déjà imposés par un précompte mobilier de 30%" auquel s'ajoute à présent "un impôt sur leur détention".

Dans son arrêt, la haute juridiction constate que "dans la mesure où la partie requérante fait exclusivement valoir que l'application immédiate de la loi attaquée entraîne une baisse du pouvoir d'achat des 'citoyens de ce pays', elle ne démontre pas, par des faits concrets et précis, que l'application immédiate de la loi attaquée pourrait lui causer un préjudice personnel".

En outre, "elle ne démontre pas non plus que le préjudice invoqué serait difficilement réparable", ajoute la Cour, ce qui est une condition pour que la suspension de la norme puisse être accordée. Par conséquent, la Cour constitutionnelle rejette le recours en suspension.

L'institution devra toutefois encore se prononcer sur la demande d'annulation introduite par Antoine Buedts, tout comme sur les demandes similaires déposées par plusieurs autres parties.Plusieurs recours en annulation ont en effet déjà été introduits. L'avocat Anton van Zantbeek, du cabinet Rivus, avait déjà annoncé un recours, tout comme la Fédération flamande des investisseurs la (Vlaamse Federatie van Beleggers - VFB). Philippe Renier, du cabinet De Broeck Van Laere a également saisi la Cour constitutionnelle. Cette procédure en annulation devrait encore durer plusieurs mois. Ph.G.

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Re : La Fiscalité - nationale et internationale...

Toutes ces mesures prise par le gouvernement Michel auront quand même eu l'avantage de me faire ouvrir les yeux.
Je serais probablement resté assis pépère sur mes positions en titres dans  les grands établissements bancaires du pays
en continuant à payer ,des prix exorbitants pour certaines transactions ,des frais de garde abominables et des frais supplémentaires
sur détachement de coupons étrangers   si toutes ces augmentations de taxe diverses n'avaient pas été prises
Qu'ils soient donc remerciés pour cela .
quand je devrais payer  enfin cette satanée taxe sur compte titre ,j'aurais économisé annuellement plus de  800 Euros de frais de garde   ,au moins 700 Euros de frais de transaction et 300 Euros de frais d'encaissement de coupons de titres  etrangers .
Merci IBKR et Degiro

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Re : La Fiscalité - nationale et internationale...

j'ai lu hier que le précompte néerlandais de 15% sur les dividendes ne sera finalement pas supprimé.

Avez-vous davantage d'infos à ce sujet ?


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Re : La Fiscalité - nationale et internationale...

source Test-Achats

Pas de suppression de la taxe sur les dividendes néerlandais

Fin 2017, le gouvernement néerlandais avait fait part de son intention de supprimer la taxe sur les dividendes à partir de 2020.
En tant qu’investisseur belge détenteur d’actions néerlandaises, vous n’auriez alors plus été doublement imposé, et votre montant net de dividendes aurait été plus élevé. Ce n’est finalement pas le cas. Le 15 octobre, le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a annoncé le maintien de cet impôt.

La double imposition subsiste
Dans la plupart des cas, les dividendes perçus sur les actions néerlandaises resteront donc doublement taxés.
Une première fois via le précompte mobilier néerlandais de 15 %, et une seconde fois via le précompte mobilier belge de 30 %. Pour chaque euro de dividende néerlandais perçu, vous ne recevrez donc finalement que 0,595 EUR net, soit une retenue fiscale de 40,5 %.

LE DIVIDENDE OPTIONNEL EN ACTIONS EST EXONÉRÉ
Le précompte mobilier néerlandais de 15 % ne s’applique pas lorsqu’une société néerlandaise, comme Aegon ou PostNL par exemple, vous propose un dividende optionnel (= choix entre un dividende au comptant ou un dividende sous forme d’actions, ou une combinaison des deux options), et que vous choisissez l’option « octroi de nouvelles actions ».

Positif pour l’immobilier néerlandais
A l’époque, le gouvernement néerlandais avait estimé à 1,9 milliard EUR le prix de la suppression de la taxe sur les dividendes. Pour compenser ce manque à gagner, l’accord gouvernemental suggérait d’imposer à hauteur de 21 % les bénéfices des sociétés immobilières néerlandaises (aujourd’hui très faiblement taxés), ce qui aurait pesé sur leur rentabilité, et forcément aussi sur leur politique de dividendes. Une pression fiscale plus lourde aurait également pénalisé les actifs immobiliers néerlandais de certaines sociétés immobilières belges, comme WDP ou Retail Estates par exemple. Mais après avoir annoncé que la taxe sur les dividendes néerlandais passait à la trappe, le gouvernement a aussi annoncé qu’il renonçait à imposer les gains du secteur immobilier néerlandais. C’est une bonne nouvelle pour les SIR (sociétés immobilières réglementées) belges actives aux Pays-Bas. A titre d’exemple, la SIR active dans l’immobilier logistique WDP (Warehouses De Pauw) tablait sur un impact négatif de 3 % sur ses bénéfices.


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Re : La Fiscalité - nationale et internationale...

Quelle tristesse confus

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Re : La Fiscalité - nationale et internationale...

Article de l'echo sur le double précompte perçus sur les dividendes d'action française.

La cour d’appel de Bruxelles a récemment appliqué la nouvelle position de la Cour de cassation sur le double précompte mobilier franco-belge, plus favorable aux investisseurs. Ceux-ci seraient bien inspirés d’introduire des réclamations en ce sens.


Bonne nouvelle pour les Belges qui détiennent des actions françaises. Face à l’inertie de l’administration fiscale belge en matière de double précompte mobilier sur les dividendes d’actions françaises perçus par des contribuables belges, les cours et tribunaux commencent à appliquer la nouvelle jurisprudence de la Cour de cassation, plus favorable aux actionnaires. Mais tant que le fisc ne se résout pas à suivre lui aussi ce point de vue, mieux vaut prendre les devants.


La double imposition des dividendes français perçus en Belgique est un problème qui ne date pas d’hier. La France prélève une retenue à la source de 15% sur les dividendes de ses sociétés et la Belgique applique quant à elle un précompte mobilier sur les dividendes perçus par ses contribuables. Résultat: un Belge qui détient des actions française est taxé deux fois. Par exemple, s’il perçoit 100 euros de dividendes français, il sera d’abord taxé à 15% en France: il lui restera alors 85 euros, montant qui sera soumis au précompte belge de 30% ; au bout du compte, cet investisseur ne percevra donc qu’un montant de 59,50 euros net d’impôt. Autrement dit, il aura subi un prélèvement total de 40,5%, alors que le précompte mobilier sur les dividendes d’actions belges est quant à lui de 30%.






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Convention, fisc et cassation


La convention franco-belge préventive de double imposition était censée remédier à ce problème. Ce traité prévoit en effet que l’impôt belge doit être diminué "de la quotité forfaitaire d’impôt étranger (QFIE, ndlr) déductible dans les conditions fixées par la législation belge, sans que cette quotité puisse être inférieure à 15%" du montant obtenu après application de la retenue à la source française.


Mais c’était trop beau… La Belgique a unilatéralement supprimé la QFIE en 1988. L’administration fiscale belge a ensuite considéré qu’il n’était plus possible de diminuer le précompte belge d’une QFIE française puisque "dans les conditions fixées par la législation belge", il n’existait plus de QFIE!



En attendant que l'administration fiscale belge se conforme à la nouvelle jurisprudence de la Cour de cassation, il convient de continuer à introduire des recours – fût-ce conservatoires – à l’encontre des cotisations enrôlées en violation du traité fiscal franco-belge. 



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Grégory Homans

Avocat associé gérant du cabinet Dekeyser & Associés


"Il a fallu quasiment 30 ans pour que la Cour de cassation belge se prononce sur la position adoptée par l'administration fiscale belge en matière de double précompte", souligne l’avocat Grégory Homans, associé gérant du cabinet Dekeyser & Associés. "Dans un arrêt du 16 juin 2017, la Cour a estimé que, dans le cadre du traité franco-belge, la Belgique s’était engagée à éliminer la double imposition via le mécanisme de la QFIE avec un minimum de 15% et ce, indépendamment de toute condition de droit interne belge." La Cour de cassation a donc jugé que si la convention dispose, certes, que la QFIE est déductible dans les conditions fixées par la législation belge, ce mécanisme doit surtout intervenir "sans que cette QFIE puisse être inférieure à 15%". C’est cet extrait du traité franco-belge qui est déterminant, pour la Cour.


Par conséquent, "à défaut d’accorder cette QFIE minimum, la Belgique viole le traité fiscal franco-belge", conclut Me Grégory Homans.


> Lire aussi | La justice fiscale à la belge


Application sur le fond


La Cour de cassation a renvoyé l’affaire à la cour d’appel d’Anvers pour qu’elle applique cet enseignement sur le fond de l’affaire. Dans l’attente de cette mise en œuvre de la nouvelle jurisprudence, les conseillers fiscalistes ont encouragé les contribuables à introduire des recours conservatoires.



27,75 %

Impôt effectif en cas d'application de la jurisprudence de la Cour de cassation

Quand un dividende français perçu par un Belge subit le double précompte franco-belge, l'impôt total atteint 40,5%. Si on applique la convention préventive de double imposition telle qu'interprétée récemment par la Cour de cassation, la charge fiscale totale est ramenée à 27,75%, ce qui rend l'investissement dans une action française plus intéressant que l'investissement dans une action belge dont le dividende sera précompté à 30%.


Mais "l’attente pourrait bientôt prendre fin", nous confie Me Homans. "En effet, d’autres juridictions ont eu à se prononcer sur des situations similaires et ont rendu une décision plus rapidement. C’est notamment le cas de la cour d’appel de Bruxelles. Dans un arrêt du 20 septembre 2018, récemment publié, elle estime que la disposition précitée du traité fiscal franco-belge 'ne peut être interprétée autrement que par l’instauration d’une QFIE minimale de 15% du montant net des dividendes, déductible de l’impôt dû en Belgique, lorsque par application de la législation belge, la QFIE déductible de l’impôt belge est inférieure à cette QFIE minimale fixée par la convention préventive de double imposition'."


Autrement dit, la cour d’appel de Bruxelles suit à la lettre la nouvelle position de la Cour de cassation, plus favorable aux actionnaires belges de sociétés françaises.


"Solliciter le remboursement"



Si la Belgique applique la QFIE, l’investissement par un résident belge dans une action française deviendra fiscalement plus intéressant qu’un investissement dans une action belge. 



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Grégory Homans

Avocat associé gérant du cabinet Dekeyser & Associés


Face à cette jurisprudence de plus en plus établie, les spécialistes du droit pensent que le fisc belge devra changer son fusil d’épaule et reconnaître, dans une future circulaire, l’application de la QFIE. Mais en attendant, "il convient de continuer à introduire des recours – fût-ce conservatoires – à l’encontre des cotisations enrôlées en violation du traité fiscal franco-belge", estime Me G. Homans. "Dans le cadre de ces recours, il est possible, dans certains cas, de solliciter le remboursement de l’impôt belge trop perçu sur les cinq dernières années."


Le jeu en vaut la chandelle. Pour un dividende français de 100 euros perçu par un Belge, la retenue à la source française sera de 15%. Sur les 85 euros restants, la Belgique appliquerait en principe un précompte de 30% : le montant serait alors diminué de 25,50 euros. Mais quand on déduit de cet impôt belge la QFIE, qui s’élève à 15% de 85 euros, soit 12,75 euros, on aboutit à un précompte belge réduit à 12,75 euros. L’actionnaire belge se retrouvera donc avec un montant net d’impôt de 72,25 euros.


"Suite à l'application de la QFIE, ce montant est supérieur à ce que le contribuable obtiendrait s’il s’agissait d’un dividende belge", souligne Me Homans. En effet, en application du précompte belge, il ne resterait à l’actionnaire que 70 euros net… "Si la Belgique applique la QFIE, l’investissement par un résident belge dans une action française devient donc fiscalement plus intéressant qu’un investissement dans une action belge", résume l’avocat

Dernière modification par kapistar (09-08-2019 11:59:42)

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Re : La Fiscalité - nationale et internationale...

Eh oui ! nous avons un système fiscal pourri par des "besoins" d'argent bien plus élevés que dans d'autres pays.
Une des principales raisons ? Un nombre inimaginable de mandats politiques (les données récoltées sur le web annoncent un chiffre effarant : 1 mandat politique pour 75 habitants dans notre pays !) qui ne cesse d'ailleurs d'augmenter par la création de nouvelles officines dont les élus raffolent. Ainsi, nous nous "payons" 1 gouvernement fédéral + 5 gouvernements régionaux auxquels on peut ajouter 9 gouvernements provinciaux. Bref, une fourmilière de politiciens fermement accrochés à leurS mandatS rémunérateurs issus d'une collecte fiscale qu'ils tentent d'augmenter à chaque nouvelle législature. Celle qui frappe les dividendes est condamnée depuis plus de 10 ans par l'Europe ... sans qu'aucune mesure législative ne soit prise par nos gouvernements successifs.  :mad:

Cordialement,
Docanski

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Re : La Fiscalité - nationale et internationale...

En fait Doc, il faut sortir de l'illusion des élections.
Vous ne votez pas pour des gouvernements régionaux, fédéral, provinciaux etc ... absolument pas !

Vous votez pour des gouvernements supplémentaires à ceux que tu décris : ceux qui décident de tout le reste
Une fois que vous avez voté pour ces gouvernements là, c'est fini pour vous, vous n'êtes plus concernés par la suite. Plus la peine de s'en occuper...

Ce sont les gouvernements élus du MR, du PS d'Ecolo de la NVA etc ... qui sont le seuls gouvernements qui comptent et qui décident de tout... Cela s'appellerait "démocratie" paraît-il...

Moi j'appelle plutôt ça "Particratie"
(oups, j'ai failli remplacer le dernier "t" par "ss"...) ;-)

Dernière modification par PhilM (09-08-2019 13:37:31)

"Aussi vite que possible mais aussi lentement que nécessaire"

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Re : La Fiscalité - nationale et internationale...

oui, mais il y a 2 t dans le mot -)

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Re : La Fiscalité - nationale et internationale...

EXIT la taxe de 0.15 % SUR LES COMPTES TITRES DEPASSANT 500.000 EUROS
la cour constitutionnelle l'a annulée hier

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Re : La Fiscalité - nationale et internationale...

j'aurai préféré qu'ils abaissent le précompte...