1

Sujet : Les prédateurs du trading algorithmique

Bonjour les boursomaniaques !
En ces temps particulièrement troublés par la valse hésitation des marchés, alimentée par les atermoiements politiques et l'absence de réactions positives de la part des autorités financières et surtout de la BCE, certains spéculateurs arrivent à faire des plus-value colossales  en dépouillant les investisseurs et autres boursicoteurs "normaux".
Pourquoi certains titres sont-ils parfois massacrés de manière incompréhensible à la suite d'une simple petite annonce d'une révision d'objectif de la part d'un analyste ou d'une rumeur un tant soit peu négative ? Alors qu'ils devraient ne subir qu'un petit mouvement de baisse passager, ils s'enfoncent parfois dans des proportions incroyables, comme si rien ne pouvait arrêter leur chute vertigineuse !
En fait, il sont la victime d'une technique bien rodée pratiquée par des prédateurs se cachant sous le nom de fonds spéculatifs ou de "traders" aux moyens importants, ne fonctionnant généralement qu'à découvert. Cela s'appelle le "trading algorithmique".
Ces vendeurs à découvert exploitent à fond la fragilité des carnets d'ordre en attente et mettent le paquet quelques secondes avant l'ouverture pour obtenir une réservation à la baisse du titre visé, si le choix se porte sur la baisse, évidemment. Ainsi, dès les premiers échanges, les marchés affichent un carnet d'ordre vendeur tellement important que cette situation génère un effet de panique.
A partir de là, les détenteurs de titres, vous, nous, Mme Michu et ses voisines, bref les boursicoteurs privés, se mettent à vendre en masse. Le mouvement s'accélère très vite par le déclenchement des "stop" automatisés (souvent trop serrés), menant à un système qui s'auto-alimente en cascade.
Une fois ce mouvement bien lancé, les prédateurs annulent les ordres de vente restants (dont, en réalité et le plus souvent, seul un petit nombre a été exécuté) et ils lancent simultanément des séries d'ordre d'achats ponctuels sur de petits volumes répétitifs. Cette technique leur permet ainsi de faire des acquisitions à bon compte sur des titres qui ont baissé sans aucune raison fondamentale. Il arrive qu'elle soit utilisée deux fois lors de la même séance et on peut parfois en observer les effets quand un titre semble avoir enfin atteint son point bas ... pour repartir soudainement à la baisse.
Tout raisonnement sur la valeur réelle de l'entreprise est totalement hors-jeu dans de telles circonstances, seule la technique de harcèlement compte.
La notion de valeur d'actif ou valeur comptable est dès lors abolie : que l'entreprise crée ou non de la valeur, qu'elle possède un patrimoine important, des brevets, des produits ou des services et même des liquidités en suffisance, elle peut à ce moment valoir à peine quelques centimes, devenir une "penny stock" dont la trésorerie elle-même semblerait s'être évaporée.
A l'opposé, lorsque le trading algorithmique spécule à la hausse, la même entreprise peut valoir 10 fois plus... avec le même chiffre d'affaires, la même valeur comptable, la même trésorerie.
Le dernier exemple en date a été particulièrement violent et remarquable : il s'agit d'Alcatel.
En effet, rien ne pouvait laisser prévoir une telle séance (où la décote a dépassé 20 % pendant la journée !), les pertes annoncées pour le T2 ne représentant pourtant que 1 % de la valeur boursière de l'entreprise.
Parfois, en l'absence de nouvelles, rumeurs ou autres révisions d'objectif, cette technique peut s'étaler sur plusieurs jours voire sur plusieurs semaines car il est alors plus difficile de provoquer une véritable panique. Dans ce cas, la peur s'installe lentement, graduellement ... mais sûrement.
Certains des titres que nous suivons nous réservent ainsi de temps à autre des surprises, le plus souvent désagréables car les mouvements de baisse sont généralement plus prononcés.
Je ne serais pas autrement surpris d'apprendre que Nyrstar en fut la victime ces dernières semaines, tout comme le furent peut-être Nexans et quelques autres encore en cette année 2012.

Cordialement,
Docanski

2

Re : Les prédateurs du trading algorithmique

bonjour doc
je te suis à 100% dans ta réflexion. Il devient de plus en plus difficile  de rentrer sur une action  lorsqu'elle est matraquée par ces requins, la bourse est devenue décevante pour les pp.ILfaut jouer comme eux mais on n'a pas leurs moyens financiers
En tout cas ton article est vraiment la réalité ,cest une des raisons pour lesquelles je réfléchis sur les fonds de placements(diminution des risques, gestion par des pros etc...) amitiés yam

3

Re : Les prédateurs du trading algorithmique

Associés aux machines algorithmiques dont les mouvements en bourse sont parfois désordonnés ... ou paraissent l'être mais, dans tous les cas, perturbent avec force le mouvement des cours affichés sur les places boursières, ces prédateurs peuvent désormais provoquer des fluctuations d'une ampleur catastrophique s'apparentant à de véritables krachs.
Ainsi, cette nuit, à 4h53 heure locale US, le cours de l'or a été très sérieusement secoué par une chute vertigineuse entraînant avec lui un certain nombre de sociétés du secteur.
Ainsi, par exemple, le cours de la plus importante minière aurifère qu'est Barrick Gold Corporation a vu son cours chuter de 21 % en une fraction de secondes, passant de 13,91 $ à 11 $ !
Cet "accident" n'a duré que quelques minutes, heureusement hors marché sinon la panique se serait emparée de tout le secteur et le risque d'un krach boursier majeur aurait été réel !
Ces machines dont les opérateurs perdent parfois le contrôle, comme ici, sont particulièrement dangereuses et devraient être interdites, on comprend aisément pourquoi.

Cordialement,
Docanski

4

Re : Les prédateurs du trading algorithmique

L'intelligence artificielle, ou l'ascension des "boîtes noires" sur les marchés
(01.12.2019 / 06:45:36)

LONDRES (awp/afp) - L'intelligence artificielle s'immisce à toute vitesse dans la finance où les investisseurs recherchent toujours une longueur d'avance technologique. Elle ajoute cependant un facteur de déstabilisation aux marchés, avec ses machines surpuissantes souvent en roue libre.

Si les algorithmes et le courtage à haute fréquence règnent depuis dix ans sur les salles de marchés, l'intelligence artificielle va plus loin.

Au lieu d'être programmées pour certaines opérations - "vendre" si un titre tombe sous un seuil, "acheter" si une banque centrale abaisse ses taux - les logiciels d'"apprentissage automatique" (machine learning) croisent à toute vitesse des dizaines de bases de données gigantesques, trouvent des tendances, des corrélations, émettent des modélisations, des prévisions... Et prennent seuls les décisions d'achat/vente.

D'après le cabinet d'analyses Greenwich, plus de 50% des entreprises de marché auront mis en place des procédures d'intelligence artificielle d'ici deux ans.

Les fonds d'investissement et gestionnaires de portefeuilles s'en servent pour mieux maîtriser leurs risques ou choisir quoi acheter, pour qui et quand.

Les banques l'utilisent pour la détection de fraudes et d'attaques informatiques, fixer le prix d'un produit, analyser le profil de clients qui ne "rentrent pas dans les cases" des octrois de prêts.

C'est aussi un outil pour baisser leurs coûts, au moment où les taux d'intérêt négatifs compressent leurs marges.

Intuitions

La société SparkBeyond, qui travaille notamment pour Microsoft, souligne que le "machine learning" permet aussi de tester certaines intuitions pas toujours pertinentes.

Par exemple, explique Edward Janvrin, directeur Europe de la start-up israélienne, à la question "qu'est-ce qui pronostique le mieux les chances de survie après un appel d'urgence?", la proximité d'un hôpital semble une réponse logique.

Mais le logiciel de SparkBeyond, après analyse de millions de données en seulement quelques minutes, montre que le vrai facteur prédictif, c'est la proximité d'une caserne de pompiers.

Cela peut s'appliquer aux marchés avec d'autres questions, comme "Quand est-ce qu'il faut acheter ce titre?"

Les régulateurs aussi ont recours à l'intelligence artificielle pour détecter de potentiels "événements catastrophiques sur les marchés comme les faillites en cascade de 2008", explique la CFTC, l'autorité américaine des contrats à terme et options.

Dans un rapport, la Banque d'Angleterre reconnaît que le "machine learning" ne crée pas de nouveaux risques mais "peut en amplifier".

Vasar Dhar, professeur à l'université NYU Stern et gestionnaire d'un fonds spéculatif, soutient que le courtage automatisé est plus sûr que les transactions réalisées par les humains, plus susceptibles de paniquer, réagir aux effets de masse, etc. "Les humains ne prennent pas de bonnes décisions (...) à court terme les machines font mieux".

Disjoncteur

Selon lui, tout système d'intelligence artificielle prévoit un humain pour éliminer certains biais et jouer le rôle de "disjoncteur", le cas échéant.

"Quand tout le monde utilise les mêmes algorithmes et prend les mêmes positions, le marché peut devenir très déséquilibré", admet M. Dhar.

Autre problème avec des machines qui ne se trompent presque jamais: "quand il y a un humain qui supervise ce qu'elles font, il lui est très difficile de déceler une erreur", remarque Vasar Dhar, évoquant des avions qui se sont écrasés car l'équipage n'a pu déceler les failles du pilotage automatique.

Avec l'abondance de fausses informations sur internet, "il peut y avoir des mouvements de trading sur des infomations non avérées", poursuit Thierry Philipponnat, de l'association Finance Watch.

Les professionnels de la finance gardent en mémoire le krach éclair de 2010 à la Bourse de New York, où le Dow Jones avait perdu plus de 9% en 10 minutes. Un épisode qui a mis en lumière le phénomène du courtage à haute fréquence, et les risques de manipulations de marché... un courtier britannique a fini par être arrêté.

De même en 2016, la livre avait perdu 12% en 2 minutes, entraînant de grosses pertes pour certaines entreprises.

L'un des problèmes du "machine learning", c'est que ces programmes fonctionnent souvent en "boîtes noires" qui ne savent pas expliquer leur "raisonnement".

L'un des enjeux du secteur est justement de le rendre intelligible auprès des clients et des régulateurs, les humains restant responsables devant la loi.

Ceux qui restent du moins: comme dans les autres domaines de l'économie, le cabinet Greenwich constate que "des emplois ont été supprimés à cause de l'automatisation, avec des vétérans de la finance au rôle diminué ou remplacé" par des machines.

ved/jbo/nas/am

"Aussi vite que possible mais aussi lentement que nécessaire"

5

Re : Les prédateurs du trading algorithmique

@PhilM,

Bref, demain sera la bourse totalement dépendante des algorithmes et de l'intelligence artificielle (quoi que le mot "intelligence" n'est pas du tout approprié mais utilisé désormais à tous propos) avec le risque de krach totalement imprévisible, pouvant se produire à tout moment.
Quand je disais à l'envi que la bourse était désormais un immense casino ...
La question qui peut donc se poser, au vu de cette révolution numérique boursière : est-il toujours bien raisonnable d'investir sur les marchés ?

Cordialement,
Docanski

6

Re : Les prédateurs du trading algorithmique

Clairement oui, Doc parce qu'il ne faut pas oublier une chose :

Nous avons donc (déjà) clairement en face de nous une IA toute puissante MAIS il ne s'agit pas d'une chose unique et indivisible. Il s'agit d'une myriade d'algos et de d'intervenants dont les intérêts et momentum sont et seront non concomitants et contradictoires. Ce ne sera certainement jamais manichéen...

Ce n'est que si le pouvoir se concentre en trop peu de mains que ce genre de problème surviendrait immanquablement.

Je pense qu'investir restera un incontournable mais que par contre trader deviendra plus compliqué. Parce que le long terme est et restera porteur. It's the economy, id.. ;-)

Resta aussi à se dire que notre intérêt et celui des grosses boîtes ne sera pas fatalement contradictoire, au contraire.
Et plus que jamais donc mais ca, ça n'est pas neuf du tout : ne pas aller contre le sens du vent...... et aller de l'avant.

Ma phrase favorite qui a finalment été d'application toute cette année 2019 ce serait bien :

" Rien ne sert de trouiller, il faut investir à temps" .. ;-)

Bon dimanche et bons invests...

"Aussi vite que possible mais aussi lentement que nécessaire"

7

Re : Les prédateurs du trading algorithmique

Ou peut-être simplement suivre et s'inspirer de "leurs" tendances ... roll Mais on peut rêver, perso le temps de signer un ordre et ... le coup est raté.

Bien le bonjour tout le monde smile ,
amicalement wink ,
demat

8

Re : Les prédateurs du trading algorithmique

"quoi que le mot "intelligence" n'est pas du tout approprié mais utilisé désormais à tous propos"

Très bonne remarque!  L'intelligence c'est comme la richesse, les gens aiment bien parler de ce qu'ils ne possèdent pas.

"la bourse désormais un immense casino"

La bourse est contrôlée par ceux qui en retirent leur revenu principal.  Et parmi ceux-là, par ceux qui ont la plus grosse force de frappe (argent, puissance de calcul, intelligence)

Dernière modification par DiegoVega (02-12-2019 12:05:59)

« Méfiez-vous des demi-vérité, vous avez peut être mis la main sur la mauvaise moitié. »