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Sujet : Guerre commerciale

Il me semblait opportun d'ouvrir un sujet là-dessus, ça n'est pas un problème fugace...
Pour commencer je vous suggère la lecture d'un excellent article du Temps, d'aujourd'hui, pour aider à bien comprendre le problème...


6 minutes de lecture
Economie mondiale Etats-Unis Chine Europe Economie suisse
Mathilde Farine
Publié mercredi 4 juillet 2018 à 10:03, modifié mercredi 4 juillet 2018 à 10:29.
Commerce
Mathilde Lemoine: «Il n’y a aucune raison que les tensions commerciales diminuent»

La cheffe économiste de la banque Edmond de Rothschild décrypte les tensions commerciales entre la Chine, les Etats-Unis et l’Europe. Cette dernière semble complètement dépassée
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Si la guerre commerciale se joue surtout entre la Chine et les Etats-Unis, tous deux se battant pour le leadership du XXIe siècle, elle concerne aussi l’Europe. Décryptage avec Mathilde Lemoine, cheffe économiste de la banque Edmond de Rothschild à Genève et professeur à Sciences Po Paris.

Le Temps: Comment interpréter la guerre des tarifs qui se joue en ce moment entre les Etats-Unis, la Chine et l’Europe?

Mathilde Lemoine: Pour comprendre, il faut revenir à 2008 et à la crise financière, date à laquelle la Chine a pris le leadership mondial en matière de commerce et de croissance. Elle a contribué à 32% de la croissance globale, contre 12% pour les Etats-Unis. Elle est aussi devenue le premier pays exportateur avec 13% du total, contre 9% pour les Etats-Unis. Pour donner un ordre de grandeur, l’Allemagne, elle, compte pour 8,4%. Donc les Américains sont devenus un acteur de second plan en termes de commerce mondial, ce qui leur a fortement déplu.

La politique de Xi Jinping a-t-elle aussi mis de l’huile sur le feu?

Xi Jinping s’était engagé au début de son mandat à poursuivre la libéralisation de l’économie. Le monde occidental espérait donc une privatisation des entreprises d’Etat. Non seulement cela ne s’est pas produit, mais, à l’automne dernier, Xi Jinping a annoncé vouloir renforcer la croissance et ainsi garder le leadership mondial. Cette politique, qui va dominer dans la première moitié du XXIe siècle, va passer par un renforcement et une montée en gamme des entreprises d’Etat, par le développement de clusters pour stimuler l’innovation dans l’idée que la Chine prenne le leadership dans ce domaine-là aussi et par un contrôle encore strict de l’implantation des entreprises étrangères. Les Américains ont vécu cela comme une provocation. Cela apparaît dans les rapports de l’administration et ce tournant est essentiel dans l’offensive américaine actuelle, qui dépasse Donald Trump.

Comment la situation peut-elle se débloquer?

Il n’y a aucune raison que les tensions diminuent. Les Américains se fâchent face à des éléments qui représentent la politique constitutive de Xi Jinping. Cela dit, on peut imaginer des avancées si Pékin fait un geste concret dans un domaine qui ne lui semble pas prioritaire. Il pourrait s’agir d’une autorisation de s’installer en Chine pour les prestataires de paiement américains (cartes de crédit). Pékin s’y était engagé en 2012 devant l’OMC mais n’avait ensuite rien fait. C’est un classique.

Quelles peuvent être les conséquences de ces tensions?

Parce qu’elle touche à des éléments structurels, cette guerre commerciale peut s’avérer persistante et ainsi alimenter l’incertitude, peser sur les perspectives des entreprises, sur la reprise, sur les bourses et sur l’investissement de moyen terme. C’est le scénario le plus probable.

Ne risque-t-on pas un enrayement du commerce mondial?

La Chine ne peut pas se le permettre, parce que cela signifierait voir sa croissance s’effondrer et perdre son leadership face aux Etats-Unis. Ces derniers ne sont pas plus pour le protectionnisme et la réduction du commerce mondial. Ils veulent développer l’exportation de services. Il s’agit de la finance, des services aux entreprises, des nouvelles technologies, etc. Tout ce qui fait aujourd’hui la puissance américaine. Mais aussi tout ce à quoi les Chinois ont fermé leurs frontières pour mieux se développer. C’est l’enjeu du XXIe siècle: ces deux pays vont-ils être d’accord de partager la gouvernance du monde ou assistera-t-on à une bataille entre deux géants qui veulent imposer leurs normes?

On parle pourtant surtout d’industrie, pas de services…

L’acier, les voitures, c’est plus facile à appréhender et plus concret. Mais Donald Trump et l’administration américaine parlent aussi du droit de propriété intellectuelle et du transfert de technologie. C’est là où l’Europe est totalement à côté de la plaque. Elle augmente les tarifs sur des biens emblématiques des électeurs de Donald Trump. Mais elle est absente de cette offensive pour prendre part à la mondialisation dématérialisée. L’Europe ne construit pas un acteur capable de rivaliser avec les géants américains comme Google et Facebook, alors que la Chine, elle, le fait. Et même si elle est exportatrice de services, l’Europe, qui n’a pas voulu libéraliser ce marché, reste loin derrière les Etats-Unis. Or c’est central: les exportations de biens ont augmenté de 1,4% par an depuis 2008, celles des services de 4,1%. Il ne suffit pas d’être défensif.

Est-ce que cela ne trahit pas le retard de l’Europe sur les questions technologiques?

Si, absolument. On voit que l’Allemagne a une sensibilité très importante face à la taxation du secteur automobile. Dans ce contexte, le risque sur la zone euro est bien plus important qu’en 2011. La politique commerciale était une des rares politiques européennes communautaires. En ciblant les voitures, Donald Trump rend les Allemands nerveux, qui soudain voudraient avoir la liberté de négocier. Les Français, eux, ne se sentent pas concernés car c’est l’agriculture qui leur importe avant tout. C’est très dangereux: on touche à l’essence de l’Europe, la politique commune, où on est plus forts parce qu’on est plusieurs. C’est plus dangereux que la crise financière qui s’est réglée en avançant, pas en reculant.

N’y a-t-il pas un risque d’emballement, qui est le propre des guerres de tarifs?

Pas à ce stade. Les banques centrales vont être prudentes, elles vont éviter que l’activité diminue. Quant à la Chine, elle ne voudra pas se laisser distancer par les Etats-Unis, qui ont mis en place un plan de relance. Donc cela devrait limiter l’impact négatif sur la croissance mondiale. L’enjeu reste l’augmentation des exportations américaines, pas la fermeture totale des échanges. Même si c’est une logique mercantiliste totalement dépassée, qui n’a pas de sens, parce que l’important, c’est la valeur des échanges, pas la quantité. On voit la limite de la logique de Donald Trump. Mais on voit aussi qu’il ne se contente pas d’une victoire à la Pyrrhus. Quand les Chinois ont commencé par proposer de prendre plus de soja, il ne s’en est pas contenté et apparaît déterminé. Dans ce sens, il est renforcé par l’administration américaine et par les républicains.

La pensée économique de Donald Trump est-elle alors plus structurée qu’il n’y paraît?

Je ne sais pas. Mais on a sous-estimé le fait que les républicains avaient une politique économique structurée et qu’ils étaient prêts à défendre à tout prix le leadership pour le XXIe siècle.
En Europe, la nervosité de l’Allemagne vous inquiète-t-elle davantage que l’incertitude politique italienne?
L’Allemagne fait plus peur. La guerre commerciale peut pousser une partie du gouvernement à vouloir défendre sa souveraineté en matière de commerce, ce qui serait dévastateur pour la cohésion européenne, déjà dans un contexte d’immigration compliqué. A ce stade, l’incertitude politique italienne peut être jugulée par la BCE. Elle a une politique d’achat de titres jusqu’à la fin de l’année et, surtout, elle va continuer à réinvestir (15 milliards d’euros par mois en 2019) et elle peut le faire pour limiter l’écartement des taux d’intérêt.

La Suisse dépend beaucoup du commerce mondial, comment ces développements peuvent-ils l’affecter?

Contrairement à la zone euro, la Suisse peut tirer profit de la situation géopolitique mondiale. La part des exportations helvétiques vers les Etats-Unis est passée de 10 à 15% depuis 2010 et cela pourrait lui permettre de profiter de l’accélération de la croissance américaine. En outre, le franc s’est déprécié légèrement, ce qui pourrait aider des exportateurs à revenir sur le marché.

La Suisse, comme la Chine, est sous le radar de Washington en raison de son excédent commercial. Cela peut-il devenir un problème?

Oui, la Suisse peut se trouver dans une zone à risque en cas de dépréciation du franc face au dollar. Mais en attendant, l’environnement lui est favorable.

"Aussi vite que possible mais aussi lentement que nécessaire"

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Re : Guerre commerciale

zonebourse

Vendredi 6 juillet : D-Day pour les droits de douane visant la Chine & contre-attaque de la Chine ?

A partir du 6 juillet, c'est officiel, les droits de douanes sur 34 milliards de dollars de produits importés de Chine vont être remontés à hauteur de 25%. Pékin va répliquer à l'identique, d'autant qu'une deuxième vague de sanctions sur 16 milliards de produits est attendue dans les jours suivants. Si la Chine surenchérit, 200 milliards de dollars de produits supplémentaires pourraient être surtaxés de 10%. On attend donc de voir quelles proportions vont prendre les sanctions, mais nous savons déjà qu'il y aura un avant et un après 6 juillet. Si les deux plus grosses puissances mondiales officialisent leur guerre commerciale, c'est l'économie dans son ensemble qui en souffrira.


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Il faudra bien un jour arrêter de confondre ce qui se vend et ce qui est bien.    Bob Dylan
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Re : Guerre commerciale

Guerre commerciale: l'arsenal de représailles de la Chine
(07.07.2018 / 12:30:38)

Pékin (awp/afp) - La Chine importe presque quatre fois moins qu'elle n'exporte vers les Etats-Unis. Il lui faut donc trouver d'autres armes que les simples droits de douane pour pénaliser l'économie de l'Oncle Sam, au moment où les deux premières puissances économiques mondiales basculent dans la guerre commerciale.

Pénaliser les entreprises

L'iPhone X, la voiture Buick Excelle, les cafés Starbucks et les productions de Hollywood font partie des meilleures ventes en Chine - soit autant de moyens de pression potentiels.

"Pékin dispose d'armes limitées en termes de représailles douanières, mais peut infliger diverses autres mesures aux entreprises américaines présentes en Chine, en durcissant les contrôles sanitaires, sécuritaires et fiscaux, en retardant les importations, ou en organisant un boycott", insiste Louis Kuijs, analyste d'Oxford Economics.

Depuis mai, la viande de porc et des automobiles américaines sont déjà dans le collimateur des douanes chinoises qui ont annoncé un renforcement des inspections.

Boycott

Nombre d'entreprises américaines dépendent de la Chine, à l'image de General Motors, qui vend davantage de voitures en Chine qu'en Amérique du Nord. Pékin pourrait compliquer leurs ventes en s'attaquant à leur image.

"Cela peut être simplement une campagne de propagande, cela s'est révélé efficace et rapide dans le passé", souligne Mark Williams, de Capital Economics. Les campagnes contre le Japon en 2012 ou contre la Corée du Sud l'an dernier "ont conduit à un effondrement de 50% des ventes pour les marques automobiles de ces deux pays en l'espace d'un mois", rappelle l'analyste.

Boudé par les consommateurs chinois et visé par diverses mesures réglementaires, le distributeur sud-coréen Lotte avait dû fermer les trois quarts de ses magasins en Chine après avoir fourni à Séoul un terrain pour le déploiement d'un bouclier antimissile américain, au grand dam de Pékin.

Etudiants et touristes

Pékin pourrait s'efforcer de limiter le nombre de touristes et d'étudiants se rendant aux Etats-Unis.

Avec 350.000 étudiants chinois l'an dernier, soit le tiers des étudiants étrangers, "le montant cumulé des dépenses des Chinois dans l'éducation et le tourisme aux Etats-Unis équivaut à celui des importations chinoises de soja ou d'avions américains", résume Mark Williams.

Boeing

La Chine, deuxième marché aéronautique mondial, est capitale pour Boeing, qui y vend un quart de ses avions, faisant jeu égal avec Airbus.

Mais l'essentiel des compagnies aériennes chinoises sont sous contrôle public et leurs commandes pilotées étroitement par Pékin. Le journal officiel Global Times ne s'y est pas trompé, assurant en janvier que "la Chine pourrait ajuster le volume de ses achats d'appareils Boeing et Airbus". Et ce même si les commandes chinoises en cours prévoient des livraisons s'échelonnant sur au moins cinq ans.

Dette américaine

Forte de ses colossales réserves de changes, la Chine est le principal détenteur de dette américaine (environ 1.200 milliards de dollars). L'agence Bloomberg rapportait en janvier que des responsables chinois avaient recommandé de ralentir ou suspendre l'acquisition de bons du Trésor américain.

Mais l'exercice serait délicat pour Pékin, car toute déstabilisation des marchés pourrait entamer la valeur des bons du Trésor et dollars encore en sa possession... et rares sont les actifs alternatifs vers lesquels se tourner.

Dévaluer le yuan

La banque centrale chinoise a-t-elle orchestré la récente glissade du yuan en vue de soutenir les firmes exportatrices? Ce scénario est écarté par de nombreux analystes, qui attribuent cette dépréciation à une simple pression des marchés, naturelle face aux tensions commerciales.

Selon eux, la banque centrale pourrait au contraire intervenir pour freiner la chute du yuan si celle-ci devait s'accélérer. Un repli prolongé du yuan pourrait provoquer d'importants flux de capitaux hors du pays, ce que les autorités veulent à tout prix empêcher: "Les risques encourus par la stabilité financière dans son ensemble en cas de dévaluation n'en valent pas la peine", commente Julian Evans-Pritchard, de Capital Economics.

Le dossier nord-coréen

La coopération entre la Chine et les Etats-Unis sur la Corée du Nord pourrait se compliquer: dans sa quête d'une dénucléarisation de la Corée du Nord, Donald Trump a besoin du soutien de la Chine, principal soutien économique de Pyongyang. Mais une guerre commerciale pourrait pousser Pékin à se montrer moins coopératif.

afp/rp

"Aussi vite que possible mais aussi lentement que nécessaire"

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Re : Guerre commerciale

On parle bcp de Trump, et on en a aussi parlé à Mariembourg. Voici un article qui montre comment on peut "se tirer une balle dans le pied". Un des effets de la politique de Donald Trump auquel je n'aurais pas pensé directement.
Avec ses taxes sur l'import d'acier, il met un frein à sa propre économie.

https://www.msn.com/fr-be/finance/finan … =CALHeader

Bien le bonjour tout le monde smile ,
amicalement wink ,
demat

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Re : Guerre commerciale

Et a contrario, merci Trump d'empêcher la Chine de nous "bouffer"...

Un front uni s’organise contre Pékin

Washington, Bruxelles et Tokyo tiennent à réformer l’Organisation mondiale du commerce. In fine, ils veulent de nouvelles règles pour combattre les pratiques commerciales chinoises

Alliés traditionnels, les Etats-Unis, l’Union européenne (UE) et le Japon se mettent ensemble une nouvelle fois pour réformer l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Dans leur viseur: la Chine, qu’ils accusent de pratiques commerciales déloyales sans que le gendarme des échanges internationaux puisse intervenir.
Le trio s’est rencontré une première fois le 24 août dernier dans la capitale américaine. C’était au lendemain d’une réunion sino-américaine dont le but était de mettre un terme à la guerre commerciale bilatérale. Mercredi, le représentant américain au Commerce Robert Lighthizer, le ministre japonais de l’Economie Hiroshige Seko et la commissaire européenne au Commerce Cecilia Malmström ont officiellement confirmé leur volonté «de s’attaquer aux pays qui sapent le fonctionnement du commerce international».

Lors d’une rencontre en marge de l’assemblée générale de l’ONU qui a lieu ces jours, les trois responsables commerciaux ont précisé les griefs que l’administration Trump adresse depuis des mois à Pékin: subsides aux entreprises d’Etat, prêts au rabais aux entreprises privées, transfert obligatoire des brevets d’entreprises étrangères à leurs partenaires chinois.

Surcapacités industrielles nuisibles

«Créée il y a vingt-trois ans alors que la Chine n’en était pas encore membre, l’OMC ne dispose pas d’instruments pour réglementer ces pratiques», affirme un diplomate européen à Genève. En réalité, Washington, Bruxelles et Tokyo ont promis de proposer de nouvelles règles d’ici à la fin de l’année. «La Chine peut mettre en place toute stratégie qu’elle souhaite pour son développement, mais elle ne peut financer des surcapacités industrielles qui nuisent aux autres économies», poursuit-il.

Une première réunion entre diplomates européens et chinois est prévue pour mi-octobre à Pékin. A ce stade, l’UE a pris bonne note du discours de Zhou Xiaochuan, qui vient de quitter ses fonctions de gouverneur de la banque centrale de Chine, la semaine dernière à Genève. L’homme du sérail avait affirmé que son pays était prêt à passer à la table des négociations et, in fine, à satisfaire les revendications américaines et européennes. «Nous attendons ces mêmes propos à Pékin», lance notre interlocuteur.

"Aussi vite que possible mais aussi lentement que nécessaire"

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Re : Guerre commerciale

extraits de 2 billet de Stefan Duchateau (dont MAJ au 9/9)

29 août 2019
Pékin a compris depuis longtemps que subir les droits de douane leur coûtait moins cher que d’abandonner leurs pratiques commerciales actuelles.  En attendant, aux États-Unis, ces tarifs ne dopent pas l’inflation et remplissent les tiroirs-caisses des services douaniers. Une manne bienvenue, juste avant les élections, pour cofinancer une réduction d’impôts.
Les Chinois sont sans doute aussi assez intelligents pour permettre au président américain d’enterrer la hache de guerre sans faire perdre la face.
Mais toutes ces joutes inefficaces ont fini par conduire l’économie mondiale au bord d’une récession (légère), qui menace même les États-Unis.  Mais le risque d’une récession aux États-Unis reste limité dans la mesure où on s’attend à ce que la Fed réduise bientôt son taux directeur, auquel cas la courbe des taux redeviendra positive selon toute vraisemblance.

Mise-à-jour du 9/9
Après leur réaction puérile excessive en août, les marchés financiers ont repris leur souffle.
Le président américain a compris sans doute que son arme tarifaire jouera lentement mais sûrement à son désavantage.  Comme sa réélection en 2020 n’est réellement menacée que par une éventuelle récession, Trump surveille les indicateurs pointant la poursuite de l’affaiblissement de l’économie américaine.
Vu que les marchés financiers tablent encore sur une double baisse de 25 points de base du taux directeur de la Fed en 2019, la courbe des taux reviendra sans doute en territoire positif dans un proche avenir.
Mais les investisseurs ne sont plus sûrs qu’à « 90 % » que la banque centrale américaine réduira son taux directeur de 0,25 % le 18 septembre (auparavant, ils n’en avaient pas le moindre doute) et les marchés voient désormais la baisse suivante (envisagée en octobre) plutôt en décembre (probabilité de 76 %).


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Re : Guerre commerciale

25 novembre 2019 - Cousu de soie blanche (S. Duchateau)

juste qq extraits choisis :


L’indice boursier mondial MSCI a progressé de plus de 20 % depuis le début de l’année (dividendes compris et exprimé en euro, cet indice est encore 7 % plus haut).  Pour en profiter, il suffisait de rester tranquille, d’attendre patiemment.

De fait, comme toujours, le redressement boursier a emprunté un chemin accidenté, marqué par de profonds nids de poule, comme ces corrections de 6 % en mai et en août provoquées à chaque fois par une rupture soudaine et inattendue des discussions commerciales entre les États-Unis et la Chine.

La baisse des taux d’intérêt ainsi que la hausse (même modeste) du taux de croissance attendu des bénéfices ont été de nature à hisser les bourses à de nouveaux niveaux record, chaque fois que la situation géopolitique le permettait.

Un succès des pourparlers commerciaux donnerait un coup de fouet à la croissance européenne. Et pour l’heure, les bourses préfèrent tabler sur cette issue positive, qui est aussi la plus probable en ce moment.

Les observateurs attentifs n’ont jamais espéré la conclusion d’un accord global cette année.  Les négociateurs américains et chinois restent en définitive relativement optimistes et n’ont pas hésité récemment à le faire savoir aux marchés. On peut comprendre cependant que ces considérations en sens divers alimentent la nervosité générale. Mais, assez curieusement, cette dernière ne provoque pas une hausse de la volatilité attendue. Ces derniers jours, elle a à peine bougé.

La Chine tente d’arracher aux États-Unis des concessions en raison de l’importance électorale des États agricoles pour le président Trump. Sa stratégie de négociation était en quelque sorte « cousue de soie blanche ». Un report à 2020 pourrait donc signifier un échec pur et simple des discussions.

L’enthousiasme boursier n’a cependant vraiment été douché que lorsque le Congrès américain a voté à l’unanimité une proposition de loi soutenant les manifestants à Hong Kong et que le gouvernement chinois a averti qu’il ne tolèrerait plus aucune violence excessive.

Le taux de change du dollar par rapport à l’euro reflète une valorisation remarquablement objective.

Nous sommes impatients de tourner la page de ces considérations politiques pour pouvoir nous concentrer, dans nos analyses, sur les données et attentes économiques. Mais, à l’approche des élections présidentielles américaines, cet espoir restera sans doute vain.


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Re : Guerre commerciale

Qui sera le roi de la voiture électrique ? Elon Musk avec Tesla ou Wang Chuanfu avec BYD ?
Le constructeur automobile chinois BYD a vendu le plus grand nombre de véhicules électriques cette année. Tesla perd son trône, mais encaisse presque huit fois plus par voiture vendue.

Les voitures électriques sont toujours considérées comme la prochaine étape logique pour l’industrie. Maintenant que de plus en plus de pays imposent la transformation d’un secteur automobile fossile en un secteur renouvelable, la bataille entre les fabricants a réellement éclaté.
Les chiffres : BYD, la société de Wang Chuanfu, a déjà vendu le plus de voitures en 2022. Tesla a un énorme retard de 30%.

BYD a vendu 1,17 million de voitures, tant entièrement électriques qu’hybrides rechargeables, entre janvier et septembre. Tesla reste bloqué à 900.000 unités.
Cela éjecte Tesla, société d’Elon Musk, de son trône. Mais rira bien qui rit le dernier : Tesla a ainsi vendu plus de 300.000 voitures de moins, mais la société a réalisé beaucoup plus de bénéfices.
Au cours des trois premiers trimestres, BYD a enregistré un bénéfice net de 9,31 milliards de yuans, soit 1,14 milliard de dollars. Pour Tesla, c’était un montant impressionnant de 8,87 milliards de dollars au cours de la même période.
Si l’on considère le bénéfice par véhicule, BYD se situe à 1,190 $. Tesla, avec 9,761 dollars, réalise huit fois plus de bénéfices, selon les calculs de Quartz.
Il convient de noter que BYD n’utilise pas des marges exceptionnellement faibles ; Tesla utilise simplement des marges exceptionnellement élevées. Le site économique japonais Nikkei a établi une comparaison entre Tesla et Toyota : Toyota a vendu six fois plus de véhicules dans le monde que Tesla, mais Tesla réalise huit fois plus de bénéfices par véhicule que Toyota.
A l’avenir : les deux constructeurs se rendent bien compte que plus il y aura de véhicules électriques, plus il sera difficile d’obtenir les matières premières nécessaires.

La principale matière première des batteries des voitures électriques est le lithium, un minerai que l’on trouve principalement en Australie et en Amérique du Sud. On estime que 50% de l’offre mondiale se trouve dans le triangle du lithium, une zone située dans la Cordillère des Andes, sur les territoires du Chili, de la Bolivie et de l’Argentine.
Le lithium étant de plus en plus exploité ces derniers temps, son prix est également en forte hausse. Selon la philosophie de Musk, Tesla devrait acheter ses propres mines de lithium pour les exploiter. Ce n’est qu’à ce moment-là que le prix d’achat peut être poussé vers le bas et que l’entreprise peut continuer à faire beaucoup de bénéfices par véhicule vendu.
Sur ce plan, BYD a déjà une longueur d’avance : En juin, Wang Chuanfu a signé l’achat de six mines de lithium en Afrique, ce qui permettra à sa société d’utiliser son propre lithium pendant les dix prochaines années, écrit le magazine chinois The Paper. En outre, BYD a déjà remporté un contrat pour l’extraction de la matière première au Chili en janvier. En août, la société a annoncé des plans pour ouvrir une mine de lithium et une usine de batteries dans la province chinoise de Jiangxi.
Conclusion : alors que Tesla est considéré comme un pionnier absolu de la voiture électrique, BYD semble avoir une longueur d’avance pour l’avenir. De plus, BYD fournit déjà des batteries à Tesla. Grâce à ses innovations, Wang semble faire en sorte que son entreprise dominera le marché des batteries. Ce n’est donc qu’une question de temps avant qu’il ne fasse grimper en flèche les bénéfices par véhicule.