Sujet : Biotechnologiques, comparaisons et discussions générales
Voici deux articles de notre ami Stéphane et publié avec son autorisation.
Je laisse le lien des l'originaux pour les tableaux :
http://blogs.lecho.be/lescracks/2012/11 leurs.html
Les biotechs, ces nouveaux orpailleurs
J’ai déjà souligné ici l'extrême prudence dont doit faire preuve un investisseur lorsqu’il envisage d’acheter des actions d’une société de biotechnologie.
On est ici davantage dans un exercice de funambulisme pour unijambiste myope que dans une véritable démarche de placement raisonné, du style bon père de famille. Ceux qui ont encore des doutes peuvent lire ce post: Le sabir des biotechs.
Cela dit, une fois prise la mesure du danger, on comprend l’attirance qu’exercent ces entreprises dont chacune espère découvrir la molécule qui se transformera en médicament « blockubster » (plus d’un milliard de dollars de vente/an).
Les biotechs sont les nouveaux chercheurs d’or comme ceux qui au 19e siècle misaient tout sur un bout de concession dans l’espoir de mettre à jour un filon aussi riche que durable.
Plus précisément, elles font figure d'orpailleurs des sciences de la vie. Une petite pépite découverte et voilà son cours de Bourse qui s’enflamme et que les plus gros concurrents déjà enrichis viennent rôder dans les alentours. Ils seront bien utiles car il faut sans cesse des fonds pour découvrir et exploiter le gisement et en tirer des gains éventuels…
La société belge Thrombogenics spécialisée dans les affections de l’œil a entamé l’exploitation de son filon (l’ocriplasmine). Son parcours boursier laisse rêveur : un cours multiplié par plus de 7 depuis son IPO en 2006 et la consécration européenne avec un place dans l’indice européen Stoxx 600 avant de rejoindre fort probablement le Bel 20.
Aux Etats-Unis, les biotechs affichent un track record digne d'une ruée vers l'or : depuis 1999, l’indice sectoriel du Nasdaq a largement surperformé les indices généralistes comme le Dow Jones, le Nasdaq Composite et le S&P 500: comme le montre le tableau ci-dessous.
(Source: Nasdaq)
Pour ceux qui seraient tentés d’aller y prendre la température, le site The Street a répertorié les 10 meilleures actions de 2012 (d’Affymax +256% à Sarepta Therapeutics + 593%) en brossant leurs perspectives pour 2013.
Mais je vous aurai prévenu : tout ce qui brille n’est pas de l’or !
Stéphane Wuille
Le sabir des biotechs
http://blogs.lecho.be/lescracks/2012/08
t=biotechs
J’ai déjà eu l’occasion d’exprimer sur ce blog toute la circonspection que m’inspirent les sociétés de biotechnologies. En soi, elles réalisent un excellent travail et sont à l’origine, pour certaines d’entre elles, d’avancées remarquables dans les soins de santé.
Régulièrement toutefois, je me demande si leur place est bien en Bourse et si laisser des petits investisseurs placer leurs billes dans de telles entreprises n’est pas quelque peu irresponsable.
Bien sûr, les biotechs ont besoin de fonds pour financer leurs recherches et il se trouvera toujours un boursicoteur pour tenter sa chance.
Je dis bien « tenter sa chance » car à défaut d’un doctorat en biologie doublé d’un master en chimie et d’une petite formation en économie, c’est bien dans le hasard que l’investisseur lambda place toute sa confiance.
Rien que la lecture d'un de leur communiqué de presse nécessite un recours permanent à Wikipedia et une prise massive d'anti-migaineux.
Penons un exemple.
Qui me peut me dire ce que signifie ce paragraphe tiré d’un communiqué de presse publié mardi matin par TiGenix une entreprise spécialisée dans la thérapie cellulaire. Oui, on comprend vaguement qu’il s’agit d’une avancée dans l’étude clinique d’un nouveau traitement. Et pourtant, après sa publication le titre a bondi en Bourse dans des volumes significatifs.
Suite à l’examen des données d’innocuité des trois premiers patients traités dans la troisième cohorte de son étude clinique Phase IIa relative à la polyarthrite rhumatoïde (Cx611), TiGenix a annoncé aujourd’hui qu’elle avait reçu l’autorisation du Comité de surveillance indépendant de recruter et de traiter les autres patients de cette cohorte. L’étude Phase IIa repose sur un protocole de détermination des doses en trois phases. Chacune d’elles commence par un contrôle d’innocuité des trois premiers patients après 40 jours de traitement.
Et encore, nous avons ici la chance de bénéficier d’un communiqué de presse en français. Car ils sont la plupart du temps rédigés en anglais comme celui de Thrombogenics publié ce mardi matin également.
ThromboGenics NV , a biopharmaceutical company focused on developing innovative ophthalmic medicines, today announced that it has resubmitted a Biologics License Application (BLA) with the U.S. Food and Drug Administration (FDA) for ocriplasmin intravitreal injection, 2.5 mg/mL, for the treatment of symptomatic Vitreomacular Adhesion (VMA) including macular hole.
Alors si les investisseurs et les journalistes financiers ont des difficultés à déchiffrer ce sabir, ne sera-t-il pas opportun de demander aux biotechs de réaliser un effort pédagogique dans leurs communications? A moins que cette opacité ne soit, in fine, entretenue à dessein….
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Stéphane Wuille
Grand MERCI Stéphane
Francis