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Sujet : Demain, je me lance en bourse !

Pourquoi pas ? Problème : je n'y connais pas grand chose et mon espoir est de gagner, pas de perdre.
Dès lors, comment m'y prendre ?
Voilà une question que bon nombre d'épargnants se posent lorsqu'ils envisagent de se lancer en bourse.
La première notion dont ils doivent s'imprégner en investissant sur les marchés en actions est la suivante : le risque est un facteur fondamental dans ce domaine et il est prudent de n'investir dans ce type de placement que de l'argent dont on n'a pas réellement besoin pour vivre décemment. La bourse n'est pas un casino où on se lance librement pour en ressortir rapidement et, avec un peu de chance, plus riche qu'en y entrant. Car le facteur chance doit en être exclu, autant que possible.
Il est donc nécessaire de s'informer et d'étudier le mieux possible les entreprises et/ou secteurs d'activité où on désire investir afin d'éviter les déboires que beaucoup d'apprentis-boursicoteurs subissent à leurs débuts.

Les deux piliers de l'information boursière sont l'analyse fondamentale et l'analyse technique.
La première consiste à étudier les chiffres comptables publiés de manière régulière par les entreprises, d'apprendre à connaître leur secteur d'activité afin de savoir s'il est porteur ou non au moment de l'investissement et d'en dégager les éléments essentiels : valeur comptable nette des actifs (une certaine garantie contre la faillite), niveaux d'endettement et de trésorerie, ratio bénéfice/capitalisation, rendement sur chiffre d'affaires, actionnariat, type de clientèle, ouverture aux marchés nationaux et internationaux, etc.
La seconde permet de déterminer aussi précisément que possible le bon moment pour acheter ou vendre une action.
Si la première demande un minimum de connaissances comptables et un maximum de lectures spécialisées, la seconde sera un apprentissage où l'investisseur choisira les différentes méthodes existant dans ce domaine particulier.
Rassurez-vous, un certain nombre de courtiers et de banquiers publient régulièrement sur Internet les éléments essentiels nécessaires pour juger de la valeur financière des entreprises cotées en bourse. Ces entreprises le font aussi, c'est une obligation, mais éplucher un bilan et ses annexes est autrement plus ardu pour le profane que de se limiter aux chiffres-clés. D'un autre côté, ils permettent tout de même de dénicher des infos qui ne sont pas toujours relevées par les publications résumant celles des entreprises.
L'analyse technique demande, quant à elle, d'apprendre à jongler avec les courbes et les indices. Il existe quelques ouvrages sur Internet ou en librairie pour s'y initier sans trop se casser les méninges. Le tout est de faire un choix raisonné, sachant que l'approche d'une technique de ce genre ne nécessite pas de connaître toutes les méthodes. Il suffit de choisir la sienne parmi celles qui ont la réputation d'être éprouvées ... même si elles ne garantissent pas pour autant de ne jamais se tromper.
En effet, toutes les analyses qu'on peut faire n'ont qu'une base : l'expérience du passé. Les fondamentaux sont les éléments d'information arrêtés à une date précise (celle du la publication des bilans, arrivant déjà à une date ultérieure à leur clôture) et l'analyse technique se fonde essentiellement sur l'observation de l'évolution boursière des entreprises en général, de celle qu'on étudie en particulier, pour en dégager des constantes (ou supposées telles) passées qui vont permettre de dresser des graphiques "parlants" dont le but est, en quelque sorte, de prédire l'avenir immédiat.
Mais en aucun cas, ces études ne peuvent préjuger à coup sûr de l'avenir et c'est précisément là que se situe le risque de l'investissement en actions. Il y a d'une part les impondérables pouvant survenir dans l'existence d'une entreprise et de l'autre, la plus fréquente, ceux qu'induisent les analystes financiers dont les avis viennent souvent perturber les cours. Et force est de constater que, parfois, ces avis ne sont pas vraiment objectifs, probablement guidés par la volonté de manipuler des marchés soit à leur profit, soit au profit de leurs clients.
Il faut savoir, les statistiques des dernières années le démontrent, que 2 avis d'analystes sur 3 s'avèrent totalement ou partiellement inexacts dans le temps !
Ce constat mène à une réflexion de bon sens : il ne faut pas se baser sur les analyses et avis des courtiers pour investir en bourse et il est donc peu rentable voire dangereux de suivre à la lettre les éléments d'information que vendent ces "spécialistes" sous forme d'abonnements à diverses publications sur papier ou sur la Grande Toile.
Néanmoins, la tenue d'un "journal de bord" intégrant notamment l'avis de tous les analystes du marché permet de dégager une tendance qui s'affinera en fonction du nombre de ceux-ci. Un avis unanime ou un titre plébiscité aura certainement plus de chance de s'avérer profitable que le conseil d'une feuille de choux publiée par une banque dont le but ultime se résume en deux mots : son profit.
N'est pas Madame Soleil qui veut.

Reste à savoir comment placer son capital pour dégager un rapport risque/profit optimal.
Une répartition judicieuse (une diversification par secteurs d'activité) raisonnable sur 15 à 20 actions permet de suivre celles-ci d'assez près pour maîtriser les risques. Dans certains cas, il peut arriver de n'investir dans un titre que par petites touches si la tendance à la reprise n'est pas franchement marquée au moment où l'investisseur veut se lancer mais en même temps éviter de louper le train si celui-ci n'est pas tout-à-fait à l'arrêt et qu'il est encore à même, à tout moment, de changer de voie. Ainsi, il peut arriver d'investir dans une société par 2 ou 3 lignes achetées à des dates différentes en fonction de l'évolution de son cours, le plus souvent en suivant celui-ci à la baisse.
Dans un portefeuille d'investissement limité aux marchés boursiers, il est également conseillé de détenir en permanence une proportion de liquidités de 20 à 30 % de manière à pouvoir réagir aux opportunités. Par ailleurs et pour certains audacieux qui ont le coeur solide, il peut être intéressant d'ajouter à ce panier une portion de 5 à 10 % de titres (sur plusieurs sociétés, bien entendu !) à haute volatilité afin de tenter de faire des PV à CT ou TCT sur des produits à plus haut risque, ce qui ajoute une dose de piment au "jeu" de la Bourse. Cette petite partie du portefeuille peut ainsi amener de fort belles PV quand tout va bien et que les choix sont bons ... mais aussi parfois de sérieux déboires si on se prend un peu trop à un jeu qui reste, malgré tout, dangereux.
Là, les titres recherchés sont le plus souvent ceux représentant des sociétés de recherches biologiques destinées au secteur de la santé et de l'agriculture, parfois aussi celles du domaine de la technologie de pointe.
En somme, on peut considérer ce genre de portefeuille comme étant celui d'un "bon père de famille" agrémenté d'une touche plus ou moins prononcée d'adrénaline.
Evidemment, la notion de "bon père de famille" est devenue assez illusoire depuis la crise financière.
Les plus prudents se satisfairont d'un portefeuille de base diversifié et équilibré.
Dernier point : une répartition judicieuse signifie également qu'il ne faut pas qu'un titre prenne des proportions trop importantes dans le portefeuille ! Il induirait ainsi un déséquilibre qui romprait toute notion de diversification, base sur laquelle il est nécessaire de s'appuyer pour limiter les risques.
Un titre constituant 10 % de la valeur totale d'un portefeuille me paraît être une limite à ne pas franchir.

Cordialement,
Docanski

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Re : Demain, je me lance en bourse !

Salut Docanski,
je viens de relire ton article pour la nième fois.  très intéressant et bon résumé. Merci.  Peux-tu donner l'un ou l'autre titre de bouquins (valable) relatif aux méthodes d'analyse ? "La bourse pour les nuls" peut-il constituerune bonne base ?
Merci d'avance,
bonne soirée,
demat

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Re : Demain, je me lance en bourse !

Je ne connais pas "la bourse pour les nuls" et ne peux donc te donner un avis. Pour avoir une approche plus directe des analyses utiles (et même nécessaires si on ne veut pas jouer aux flechettes), pour se faire une idée aussi précise que possible sur les entreprises cotées en bourse, il y a la méthode la plus simple : celle qui est prédigérée par les analystes qui fournissent les chiffres jugés les plus importants. Ceci, bien entendu, pour l'étude des fondamentaux. Si on veut consacrer du temps à ces analyses, il est préférable d'apprendre à lire et décortiquer un bilan afin d'en ressortir les éléments les plus significatifs. C'est l'analyse financière, elle est une des connaissances les plus utiles à acquérir pour un boursicoteur ... mais très peu la pratiquent. Elle répond à des critères comptables connus et à des obligations légales en matière de transparence. Je pense qu'une approche générale peut suffire pour le boursicoteur, sans devoir aller jusqu'aux études d'expert comptable. Tu peux commencer sur le web, il y a de la matière en suffisance pour cette première approche. Elle devrait normalement te suffire.
Voici un document pdf qui est plutôt bien fait, qui résume l'essentiel des choses à connaître :
http://www.cgslb.be/uploads/media/guide … nnuels.pdf
Et un site qui offre quelques infos peut-être plus facilement assimilables :
http://www.manager-go.com/finance/analyse-du-bilan.htm
Après, si tu veux approfondir, il y a la lecture spécialisée essentiellement dirigée vers l'acquisition des connaissances nécessaires au passage d'un examen de comptable ou expert-comptable. A moins d'avoir du temps et de s'y passionner, inutile à mon avis d'aller jusque là.
Pour compléter cette première analyse, il convient de lire toutes les informations ayant trait aux secteurs d'investissement car ces informations influencent également les cours de bourse et par conséquent ta propre conclusion. Cela demande du temps, beaucoup de temps.   Le but de notre forum et de ses membres est d'ailleurs, entre autres, de souligner et communiquer les articles relatifs aux actions, marchés ou secteurs dont nous parlons ici. Cela simplifie évidemment les recherches de chacun.
Pour l'analyse technique, c'est une autre histoire : il y a des méthodes à la pelle. Chacun a la sienne, chacun a ses marqueurs préférés, chacun pense que son système est le meilleur. Tu auras compris qu'il faut se faire sa propre idée en observant les résultats obtenus par l'une ou l'autre de ces méthodes. Tu trouveras quelques pistes dans la rubrique du forum consacrée  à ce sujet et l'ami uzbek qui est un grand amateur de lignes et de courbes pourra peut-être t'emmener sur ses propres dadas.
Une chose est certaine : tu trouveras à peu près tout ce qui est utile dans ce domaine en cherchant sur le web sans devoir pour autant acheter des bouquins spécialisés, quelques infos judicieuses également sur Boursomania. Tu y trouveras notamment un guide qui se veut complet en matière d'analyse technique par Thierry Clement ici : http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j … mp;cad=rja Il existe toutefois de grands "classiques", nos membres pourront sans doute citer leurs préférés.

Cordialement,
Docanski

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Re : Demain, je me lance en bourse !

Merci Docanski d'avoir passé ton temps bien tard dans la soirée pour une réponse fouillée.  Pour ce qui est de la compta, j'ai quelques notions (3 ans de cours du soir Chambre Belge des Comptables) mais c'était il y 30 ans. Pour le reste je suivrai tes indications. C'est vrai qu'il y a des masses d'infos partout.
Merci encore,
bonne journée,
demat

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Re : Demain, je me lance en bourse !

Petit complément à l'article de fond repris en tête de ce sujet :

La diversification est la base indispensable pour gérer un portefeuille avec le moins de risques possibles.
Un portefeuille équilibré comporte donc automatiquement (à moins d'être très dynamique) des actions à moyen terme et à long terme, le court terme étant la partie la plus difficile (et donc risquée) à gérer ... ou le choix des impatients.
Dans le long terme, on trouve le plus souvent les actions dites défensives et/ou celles qui rétribuent bien l'investisseur : les valeurs de rendement. En fait, il s'agit de celles qu'on nommait par le passé "actions de bon père de famille".
Le moyen terme est plutôt la portion qui récupère le court terme qui a déçu mais qu'on conserve parce qu'il devrait se redresser ... ou du moins c'est le secret espoir de son détenteur. Dans cette portion de portefeuille, on trouve surtout les actions dont le cycle est montant (on les nomme d'ailleurs les cycliques), celles qui accompagnent les fluctuations économiques mais aussi les actions qui, pour une raison ou l'autre, ont un certain retard sur leur secteur et devront nécessairement le combler.
Ces 2 compartiments du portefeuille ne sont pas obligatoirement rigides car leurs composantes seront tributaires de l'évolution des évènements touchant les entreprises qu'elles représentent.
Enfin, la partie court terme du portefeuille est essentiellement spéculative, composée de titres à forte volatilité ... ou tout simplement adoptée par l'investisseur pressé, celui qui n'a pas la patience de laisser mûrir un titre ... qui bien souvent ne demande pourtant que ça.
Restent la proportion de ces 3 compartiments et la signification du terme "terme".
Sur le plan strictement comptable (dans l'analyse financière et commerciale destinée à l'évaluation du risque), le court terme est à un ou deux ans au maximum, le moyen terme va jusqu'à 5 ans et le long terme va au delà. En matière d'investissements boursiers, ces durées sont généralement plus courtes ... mais différemment interprétées par les analystes et autres "conseillers".
Quant aux proportions des compartiments, elles dépendent du goût du risque du boursicoteur et on pourra trouver des évaluations de profil de risque dans toutes les banques offrant un service de gestion de portefeuille. Une ventilation 30-60-10 me paraît être raisonnable pour un investisseur dynamique.
Elle ne tient évidemment pas compte de la partie non investie : les liquidités.

Cordialement,
Docanski

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Re : Demain, je me lance en bourse !

Salut,

Je viens de lire l'article ci-dessus, il me paraît la sagesse même, j'ai moi-même commencé en bourse début 2012, il est vrai que savoir par où commencer n'est pas facile. J'aimerais vous faire part de ma méthode et d'avoir votre avis. Dois-je créer un nouveau sujet ou peux-tu me dire dans quelle rubrique il serait le mieux?  Penses-tu que cela puisse être intéressant?
Amicalement,
JeanG

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Re : Demain, je me lance en bourse !

Salut JeanG,

Aucun problème pour faire part de ta méthode et poursuivre le débat dans ce fil de discussion.

Cordialement,
Docanski

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Re : Demain, je me lance en bourse !

Salut,

Vos avis sur ma méthode de placement me permettrait de faire évoluer mon portefeuille afin d'atteindre mes objectifs de 3% sur dividende, 3% sur plus value plus compenser l'inflation.
Je me suis basé sur une réflexion que j'ai entendu: investir dans le bel 20 par petites quantité et laisser de côté les assurances et le bancaire.
Sur les 6 premiers mois de 2012 mes achats ont été: une douzaine d'actions, je me suis demandé comment faire évoluer ce portefeuille. Je me suis fixé une règle: racheter une de mes actions quand elle monte ou descend de 30%.
En 2013 j'ai pensé que rien que des actions était risqué et j'ai alors complété par de l'immobilier ( des sicafis ).
Ensuite j'ai complété mon portefeuille avec des holdings car ceux-ci appartiennent souvent à des grosses familles qui tirent leurs revenus des dividendes.
But pour 2014: vendre ce qui n'a pas évolué de plus de 5% sur 2 ans. J'espère atteindre mon objectif pour 2017.
On est optimiste ou pas ! ! !

Cordialement,

JeanG

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Re : Demain, je me lance en bourse !

Comment identifier les différentes approches en matière d’actions ? Typologie des principaux styles de gestion 
 
Il existe de multiples façons de gérer un portefeuille d'actions : on peut suivre très fidèlement un indice boursier familier en essayant de le répliquer. On parle alors de gestion passive (la seule « décision » étant celle de suivre la composition d'un indice).

La performance des indices, outre le fait qu'elle est facilement accessible, sert de point de comparaison à toutes les autres gestions non passives : dans la mesure où il est aisé de s'exposer aux indices via des fonds indiciels ou des ETF, la gestion active se doit de battre l'indice de référence le plus proche de sa stratégie d'investissement par une marge suffisante pour couvrir au moins les frais de gestion supplémentaires facturés par rapport à un produit géré passivement : sinon, l'investisseur choisit le produit géré passivement.

Qu'est-ce qu'un style de gestion en matière d'actions ?

En matière de gestion active (type de gestion qui s'affranchit plus ou moins de la composition des indices boursiers), on distingue actuellement quelques styles dominants : les styles Value et Growth ainsi que, par abus de langage, les petites et moyennes valeurs qui deviennent également un style de gestion. Nous aborderons également les fonds sectoriels, qui peuvent également constituer un style de gestion, même si cette terminologie nous semble aussi abusive que dans les cas des petites et moyennes valeurs.

Growth vs Value

Rappelons tout d'abord une évidence : un gérant, qu'il soit Growth ou Value, n'achètera une action que s'il pense que son cours va s'apprécier dans le futur.
Les concepts de Growth et Value ont été développés aux Etats-Unis par William Sharpe, qui a décelé des différences de comportement entre les actions très chèrement valorisées au regard de leurs bénéfices (quand elles en faisaient) et de leur chiffre d'affaire d'une part, et les actions faiblement valorisées, notamment au regard de leur actif net (la différence entre ce qu'elles détiennent à leur actif et ce qu'elles doivent à leur passif) d'autre part.
Les investisseurs s'exposent à des actions dites de croissance (traduction en français de growth) en achetant avant tout la croissance future de leurs ventes et de leurs bénéfices, laquelle croissance continuera de faire monter le cours de l'action ; ils s'exposent à des actions dites value (les Suisses romands les qualifient d'actions de substance) en pariant que le marché s'apercevra de la sous-évaluation de ces titres et en tirera la valeur vers le haut, vers des ratios de valorisation « normaux ».
Attention, un gérant n'est pas soit growth soit value : les fonds revendiquant l'un ou l'autre des deux styles sont encore peu répandus en Europe par rapport aux Etats-Unis où ces notions structurent l'offre de fonds des sociétés de gestion. Ceci étant, ces deux approches nous semblent pertinentes et intéressantes en termes d'investissement.

Growth

Les valeurs internet à la fin des années 1990 étaient typiquement des valeurs de croissance : peu étaient rentables, les multiples cours sur bénéfices n'avaient donc aucune pertinence, en revanche certaines d'entre elles connaissaient une croissance explosive de leurs ventes. Si nombre d'entre elles ont depuis fait faillite, les réussites de l'internet aujourd'hui montrent qu'il n'était pas absurde d'investir dans ce secteur lors de son démarrage : E-Bay, Yahoo, Google aux Etats-Unis, Meetic ou Aufeminin.com en France ont montré que le secteur de l'internet pouvait être synonyme de profits.
Les gérants Growth interviennent généralement (mais pas toujours et pas seulement) sur des secteurs à forte composante technologique, cette composante étant souvent synonyme de croissance. En théorie, il peut exister des valeurs de croissance dans tous les secteurs d'activité, il convient donc de ne pas assimiler les gérants « croissance » à des spécialistes sectoriels : ils peuvent s'intéresser à tout secteur d'activité.
Les valeurs de croissance sont généralement plus risquées que les titres Value, le risque étant mesuré par la volatilité de leurs rendements : ceci ne veut pas dire qu'elles sont à éviter, mais que l'investisseur doit avoir conscience du fait qu'elles peuvent s'apprécier beaucoup comme se déprécier beaucoup avec des à-coups parfois violents.

Value

On utilise pour apprécier la cherté d'une action plusieurs types de ratios, qui comparent son cours ou un montant dérivé de son cours à une autre valeur : le ratio cours/bénéfice (Price Earning Ratio en anglais) est un des plus répandus (plus il est élevé, plus la valeur est chère relativement). On peut également s'intéresser au ratio cours sur chiffre d'affaires.
Les gérants Value s'intéressent souvent en plus au ratio cours sur actif net, l'actif net étant une des mesures possibles de la valeur à la casse d'une société (ce qu'elle vaudrait si elle était vendue en totalité, à savoir la valeur de ses actifs moins la valeur de ses dettes). L'actif net est utile pour les sociétés industrielles (pour lesquels les actifs matériels – usines, stocks – sont une partie importante de la valorisation), il l'est moins pour les sociétés financières (banques, compagnies d'assurance), dont l'actif au bilan est souvent assez éloigné de sa vraie valeur.
Autre ratio analysé par les gérants Value : le ratio cours sur cash flow (en utilisant différents cash-flow), la génération de cash par une entreprise étant un signe de bonne ou mauvaise santé et pouvant être utile pour la valoriser.
L'approche Value consiste à acheter des actions dont les ratios cours sur actif net et cours sur cash flow présentent une décote significative et non expliquée par rapport aux autres sociétés du secteur, en tablant sur une réduction de cette décote par augmentation du cours des actions détenues : le destin idéal d'une action considérée comme Value à un instant t est que ce cours s'apprécie à un niveau tel que ses nouveaux ratios de valorisation soient en ligne avec ceux des sociétés comparables (et donc qu'elle ne soit plus considérée comme Value et soit vendue par le gérant).
Plusieurs approches existent en matière de Value : l'approche par le rendement des dividendes (où le gérant n'investit que dans des actions servant un dividende supérieur à un seuil fixé par le gérant avec un degré de certitude suffisamment élevé) tient compte du fait que sur longue période, une part importante du rendement total de l'investissement est due au dividende ; l'approche valeurs décotées, qui ne considère que la valorisation de la société (cours sur actif net et/ou cours/cash flow) et n'investit que dans les valeurs satisfaisant aux critères du gérant et pour lesquelles il existe un ou plusieurs catalyseurs susceptibles de conduire à une revalorisation du cours ; l'approche contrariante, qui consiste à s'intéresser aux sociétés délaissées par le marché, dès lors qu'il existe une raison objective pour que la situation s'améliore.

Petites et Moyennes Capitalisations

Autre style, investir en petites et moyennes capitalisations.

En quoi les petites et moyennes valeurs diffèrent-elles des grandes valeurs ? Certains disent qu'il est plus facile de déceler des sociétés mal évaluées par le marché au sein des petites et moyennes valeurs car le nombre d'analystes financiers s'y intéressant est moins élevé que dans le cas des grandes valeurs.
Ce dernier point est tout à fait exact : les sociétés de gestion (dont les analystes alimentent en recommandations les gérants : on les appelle analystes buy-side, car ils sont du côté de l'acheteur de l'action, leur propre société) comme les sociétés de courtage actions (dont les analystes alimentent les clients en recommandations : on les appelle analystes sell-side car ils sont du côté du vendeur de l'action, la société de courtage) ont plus d'analystes en charge des grandes valeurs, car pour les unes comme pour les autres, le volume d'affaires est beaucoup plus important sur les grandes valeurs que sur les petites et moyennes valeurs.
S'il est plus facile de dénicher des pépites parmi les petites et moyennes valeurs que parmi les grandes, c'est également un secteur plus volatil, présentant de surcroît un risque supplémentaire, celui de liquidité : les volumes de transaction (les achats et les ventes) sont beaucoup moins importants dans le cas des petites et moyennes valeurs, dont les cours sont par conséquent très sensibles à des ordres importants et seront plus impactés, à la hausse comme à la baisse, par de tels ordres, en comparaison des grandes valeurs, pour lesquelles le volume de transactions quotidiennes permet d'absorber la quasi-totalité des ordres d'achat ou de vente sans difficulté. Dans le pire des cas, un ordre de vente ou d'achat massif sur une petite ou moyenne valeur devra être exécuté tout au long d'une journée de bourse, voire sur plusieurs jours.
Nous vous recommandons de ne consacrer qu'une proportion raisonnable de votre investissement en actions ou en fonds actions aux petites et moyennes valeurs, en raison de leur volatilité supérieure à celle des grandes valeurs.

Les fonds sectoriels

Un des attraits principaux des fonds est de vous donner accès à une grande diversification, laquelle permet de réduire le risque du portefeuille. Dans de nombreux cas, un fonds vous donne accès à une zone géographique (Fonds Actions France, Fonds Actions Etats-Unis, etc.), et au-delà à des approches de style (Value, Growth, Petites et Moyennes Valeurs).
Dans certains cas, le fonds va se spécialiser sur les actions d'un secteur d'activité en particulier, limitant sa diversification pour vous exposer à un portefeuille mono-thématique : si vous pensez que les actions du secteur pharmaceutique sont amenées à s'apprécier plus que le marché en général, dans le futur, vous bénéficierez à plein de cette appréciation en investissant dans un fonds spécialisé (plus que si vous étiez investi dans un fonds non sectoriel). Si votre pronostic est inexact et qu'au contraire le secteur dans sa totalité baisse, vous souffrirez plus que si vous étiez investi dans un fonds non sectoriel.
Les gérants de fonds sectoriels sont par définition très spécialisés, ce qui ne veut pas dire qu'ils soient tous bons (à savoir qu'ils battent leur indice de référence en tenant compte du risque pris pour atteindre la performance).
Nous avons créé des catégories Quantalys ad hoc pour vous permettre d'identifier les principales familles de fonds sectoriels : biotech, immobilier, santé-pharma, services aux collectivités, services financiers, technologies, télécom, Energie Matières Premières Or.
A l'instar des petites et moyennes valeurs, la plupart des fonds sectoriels vous exposent à une volatilité plus élevée que celle des fonds non sectoriels. Il importe donc d'investir dans ce type de fonds en ayant pleinement conscience des risques supplémentaires qui y sont associés et de n'y consacrer qu'une partie raisonnable de votre portefeuille.
P.Maupas