Adidas fort optimiste
Francfort (awp/afp) - Adidas s'apprête à changer d'ère et réserve de bonnes nouvelles à son futur nouveau patron, le Danois Kasper Rorsted: l'équipementier sportif allemand a relevé jeudi ses objectifs financiers 2016, après une année 2015 meilleure que prévu.
Pour l'année en cours, les carnets de commandes bien remplis - JO de Rio et Euro-2016 de football obligent - laissent augurer d'une "croissance à deux chiffres" des ventes et du bénéfice d'exploitation, à taux de change constants. Le groupe bavarois misait jusqu'ici sur une croissance à un chiffre seulement pour ces deux agrégats.
Adidas promet également de maintenir une marge d'exploitation au moins stable, et ce en dépit d'une hausse des coûts d'approvisionnement et de main-d'oeuvre. Cet indicateur de rentabilité est très regardé dans le secteur, où le dollar fort va peser sur les marges de tous les équipementiers: ils produisent en Asie avec des contrats conclus en dollars, désormais plus onéreux.
Ce regain d'optimisme plaisait aux investisseurs. A 10H00 GMT, l'action Adidas engrangeait 1% à 87,89 euros, seule valeur à échapper au marasme ambiant sur un indice vedette Dax en chute de plus de 3%.
Le titre a déjà largement profité de l'annonce de l'arrivée au 1er octobre prochain d'un nouveau patron, Kasper Rorsted, chipé avant la fin de son contrat au fabricant de cosmétiques et détergents Henkel.
L'action "Adidas a battu Nike et les valeurs du luxe de plus de 15% lors des trois dernier mois", a remarqué Piral Dadhania, analyste de RBC Capital Markets.
Le mouvement traduit le soulagement des investisseurs face au départ de l'ancien patron Herbert Hainer, à la tête d'Adidas depuis 2001 et largement discrédité depuis 2014, où le Mondial de football au Brésil avait été gâché par les difficultés en Russie et le plongeon du golf.
"Nous sommes en grande forme" et la stratégie du groupe "porte déjà ses fruits" a tenu à souligner M. Hainer jeudi.
- Investir face à Nike -
Adidas, propriétaire de la marque aux trois bandes du même nom et de Reebok, a dégagé un bénéfice net en hausse de 12% à 720 millions d'euros en 2015. Ce chiffre n'inclut toutefois pas une dépréciation de 34 millions d'euros sur les activités en Russie.
Les ventes ont grimpé de 16% à 16,9 milliards d'euros, portées par une solide demande et des effets de change favorables.
Adidas a choisi de publier ces premiers éléments de résultats avant la date prévue, le 3 mars, parce qu'ils excèdent les prévisions du marché. Le consensus compilé par Factset misait sur un chiffre d'affaires de 16,8 milliards d'euros et un bénéfice net de 707 millions.
La surperformance des ventes s'explique par "une croissance à deux chiffres en Europe de l'Ouest, en Chine, en Amérique latine et dans la région Moyen Orient-Afrique", selon le communiqué. Les Etats-Unis, où Adidas met les bouchées doubles pour regagner sa place de dauphin derrière Nike, volée par Under Armour, ne sont pas mentionnés, mais le groupe affirme y avoir connu "une dynamique accélérée" au quatrième trimestre.
Lancé à la poursuite de Nike, l'Allemand a gonflé ses investissements de 20% en 2015, pour "renforcer l'attractivité des marques à long terme".
Cela se traduit par de nouveaux contrats avec des sportifs professionnels en vue, en priorité en Amérique du Nord dans des sports typiquement américains, mais aussi une inflation galopante des dépenses pour défendre son bastion traditionnel du football.
Après avoir renouvelé son contrat avec le Bayern Munich à grand frais en 2015, Adidas est proche d'un nouveau contrat record avec le Real Madrid, pour 140 millions d'euros par saison jusqu'en 2026, selon la presse espagnole. Et il se montre toujours très patient avec la Fifa, embourbée dans son scandale de corruption.
A contrario, l'équipementier est sévère dans les sports moins rentables. Il envisagerait ainsi de couper les vivres à la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF), frappée par un retentissant scandale de dopage.
afp/al
(AWP / 11.02.2016 11h19)