Sujet : Le Momentum, stratégie pour améliorer votre rendement.
Parmi les anomalies du marché, une des plus simples à mettre en œuvre est l’investissement dans le momentum.
Cette anomalie a été mise en évidence par de nombreuses études faites sur de longues périodes jusque 2 siècles et sur plus de 40 marchés dans le monde entier.
La notion de force relative (relative strength ou RS) est une autre appellation du momentum
Investir dans le momentum consiste à investir sur des valeurs qui augmentent plus vite que l’indice de référence pendant une période de 6 mois, 1 an, ces valeurs ont tendance à continuer à augmenter dans le futur. L’inverse fonctionne également.
À court terme les marchés fluctuent aléatoirement et donc il est difficile d’en tirer de l’information. À moyen et long terme de l’information se dégage du bruit de fond, les backtest ont montré empiriquement que sur des périodes de 3 mois à 3 ans des tendances claires et exploitables se dégagent, l’effet est maximum sur des périodes de 6 mois, un an et ensuite s’affaiblit pour disparaitre après 3 ans.
Le résultat d’un backtest de l’université de Darmouth sur la bourse Américaine sur une longue période 1927-2010 qui débute avant la crise de 29 et qui se termine après la crise des « subprimes » donne une performance annualisée de 14,3% pour la stratégie momentum contre 9,79% pour le benchmark de référence.
Pourquoi cela fonctionne-t-il ?
La finance comportementale nous l’explique.
Notre comportement social subi de nombreuses influences qui nous empêche d’être parfaitement rationnels et objectifs, c’est aussi ce qui nous permet de nous adapter.
Cela s’appelle des biais, il en existe de nombreux lié à la mémoire, à l’apprentissage (biais cognitif), à la peur, à l’avidité, à l’envie (biais émotionnel), à des comportements de groupe (biais collectif) à des croyances, des explications du monde (prophétie autoréalisatrice)….
Sans ces biais très humains, les marchés devraient être efficients et donc nous devons nous contenter de marchés inefficients, irrationnels.
Nous pouvons mettre cette inefficience à notre profit et en tirer des stratégies d’investissements.
Une des stratégies les plus opérationnelles est le momentum, elle part du principe que l’homme à un comportement moutonnier et qu’il a tendance à suivre les tendances du marché, l’investisseur achète parce que d’autres ont acheté ce qui ne fait qu’amplifier la tendance.
Des études ont montré que ce biais comportemental n’est pas le seul fait des petits investisseurs, mais aussi des gérants de fonds qui pour plus de 75% achète des actions qui ont surperformé durant les derniers mois. Ces gestionnaires ne considèrent pas pour autant qu’ils font de l’investissement momentum, mais qu’ils investissent dans la croissance, ils achètent cher pour revendre encore plus cher.
L’investissement momentum ne fonctionne pas seulement en raison de l’instinct grégaire de l’homme, mais aussi, car l’homme met du temps à assimiler de nouvelles informations (biais cognitif) et une fois qu’il est convaincu, il lui est difficile de changer d’avis (inertie).
En 1997 Harrison Hong et Jeremy C. Stein expliquent le phénomène ainsi :
"Il devient de plus en plus accepté que les faits accumulés concernant les réactions (émotionnelles) excessives sont difficiles à concilier avec la définition standard du marché efficient (efficiency market hypothesis, EMH) (…) ces défauts suggèrent qu’une nouvelle théorie est nécessaire (..) cette théorie devra être comportementale."
Tant que le momentum reste peu utilisé par les gestionnaires de fonds, cette stratégie garde une réelle valeur ajoutée. Si tout le monde applique les techniques de la finance comportementale, l’investissement momentum perdrait de son efficacité.
Cet article paraîtra également sur http://www.investir-a-la-bourse.com ,blog auquel je collabore.
Patrick.