Gilead: le brevet du sofosbuvir, médicament au coût controversé, amendé par l'UE
Berlin (awp/afp) - L'Office européen des brevets (OEB) a infligé mercredi un revers au laboratoire américain Gilead en modifiant son brevet pour le médicament sofosbuvir, une décision qui pourrait permettre une renégociation du prix extrêmement élevé de ce traitement efficace contre l'hépatite C.
"Le brevet d'origine du sofosbuvir n'a pas été maintenu, mais ses composants restent" brevetés, a indiqué l'OEB dans un bref communiqué, après avoir donné partiellement raison à l'ONG Médecins du Monde qui demandait la révocation pure et simple du brevet.
L'ONG estimait qu'en déposant le brevet "avant même la démonstration de l'efficacité accrue du sofosbuvir", vendu en France sous le nom de Sovaldi, le laboratoire s'était de facto "réservé un domaine de recherche et a privatisé une molécule sur laquelle d'autres chercheurs auraient pu travailler".
Pour l'ONG, l'enjeu est le prix du traitement alors que les laboratoires justifient par le coût de la recherche des tarifs parfois très élevés.
En France, une cure de 12 semaines de sofosbuvir revient à 41.000 euros alors que la même molécule est vendue 200 euros en Inde.
Du coup, selon Médecins du Monde, les gouvernements européens doivent profiter de la décision de l'OEB pour forcer Gilead à "renégocier les prix à la baisse".
"C'est une décision qui pour nous est intéressante même si le brevet n'a pas été révoqué comme nous l'attendions", a dit à l'AFP Olivier Maguet, responsable de la mission prix des médicaments de Médecins du Monde.
"Cela crée une situation juridique faible pour ce médicament et donc cela autorise les gouvernements à reprendre un petit peu la main dans la négociation avec les industriels pour qu'on ne se retrouve pas (dans une situation) comme en Allemagne où ce médicament est facturé pas loin de 50.000 euros à la sécurité sociale", poursuit-il.
Les milliards que coûtent les traitements innovants comme le sofosbuvir pèsent de plus en plus sur les systèmes de sécurité sociale européens qui les remboursent, alors que les patients ne peuvent pas en assumer le coût.
afp/rp
(AWP / 05.10.2016 16h10)