Sujet : Recommandations novembre 2016
Donald Trump président : que faire en Bourse maintenant?
L’élection du nouveau président américain a surpris plus d’un observateur. Les professionnels des marchés réagissent et recommandent des valeurs.
L’élection surprise de Donald Trump à la présidence américaine a entrainé un surcroît de volatilité sur les marchés. Alors que la plupart des stratèges anticipaient une réaction très négative des investisseurs, les principales Bourses mondiales ont terminé la séance post-élection dans le vert !
Faut-il accompagner le mouvement positif sur les marchés ou, au contraire, profiter de cette hausse inespérée pour réduire son exposition aux actions?
Cet évènement inattendu a suscité de nombreuses réactions de la part des plus grands gestionnaires d’actifs et stratèges, que nous vous faisons partager pour vous aider à prendre les bonnes décisions d’investissement.
De nombreuses incertitudes
Harm Bandholz chez Unicredit prévoit une période d’incertitude à court terme qui risque de peser sur les dépenses de consommation et sur l’investissement, en attendant une clarification des intentions réelles du nouveau président.
Les principales lignes de son programme économique sont une forte baisse des impôts sur les ménages et les entreprises, une hausse des dépenses d’infrastructures et des dépenses militaires, une forte hausse des tarifs douaniers sur les produits venant de Chine et du Mexique.
Si toutes ces mesures sont appliquées dès 2017, le surcroît de croissance lié aux mesures de soutien est estimé entre 0,25% et 0,5%, mais la situation proche du plein emploi devrait générer de l’inflation. A plus long terme, de nouvelles barrières douanières entraineraient une guerre commerciale et coûteraient 1,3 million d’emplois à l’Amérique, selon le stratège.
Ajoutées à une plus faible immigration et une hausse sensible de la dette publique, ces mesures protectionnistes coûteraient 1.000 milliards de dollars sur cinq ans à l’économie américaine, soit plus de 1% de PIB par an.
Pour Stefan Isaacs de M&G Investments, le vote américain traduit une nouvelle fois après le Brexit le rejet du statu quo. C’est d’abord une remise en cause de la globalisation et de la montée des inégalités.
Les mesures annoncées devraient conduire à plus d’inflation aux Etats-Unis et une repentification de la courbe des taux d’intérêt (hausse des taux longs), favorable aux actifs à fort « beta », dont le high yield américain.
Les actifs liés à l’inflation devraient faire mieux que les actifs de déflation : les actifs financiers feraient moins bien que les matières premières et l’immobilier.
L’Europe devra faire face à d’importants challenges politiques dans les douze prochains mois, en Italie d’abord avec le référendum du 4 décembre, puis en France et en Allemagne. Une possible remise en question de la zone euro n’est pas intégrée dans le prix des obligations dites périphériques.
La présidence de Trump va se traduire par un ralentissement du commerce avec l’Europe. Ce qui va fragiliser la fragile reprise du Vieux continent et prolonger les mesures de soutien monétaire de la Banque centrale européenne.
Même si Donald Trump construit un mur, l’essor des robots industriels parait inéluctable, avec un doublement prévu à l’horizon 2020 à 2,5 millions. Ce qui devrait empêcher l’inflation et les taux d’intérêt de retrouver leurs niveaux d’avant crise financière.
Le risque protectionniste
Selon les experts de BlackRock, la victoire de Donald Trump donnera lieu à court terme à une incertitude considérable sur le terrain politique et sur les marchés.
La promesse du candidat de renégocier les traités commerciaux pourrait pousser le pays dans une spirale protectionniste, entrainant des mesures de rétorsion. De telles tensions conduiraient à une aversion au risque affectant les actions et les obligations d’entreprises, au profit de l’or et du yen.
Les obligations long terme subiraient de fortes pressions si les politiques du nouveau président conduisaient à creuser le déficit budgétaire et à augmenter l’inflation. Les actifs des pays émergents sont aussi menacés, même si les économies s’améliorent.
La société de gestion anticipe une courbe des taux plus pentue et favorise des actions cycliques et value dont les banques, au détriment des « bond proxies », comme les utilities. Blackrock reste prudent sur les valeurs de santé, alors que le prix des médicaments sont sous surveillance.
Stefan Kreuzhamp, CIO de Deutsche Asset Management, anticipe un regain de volatilité lié à l’incertitude politique. Le caractère imprévisible de Donal Trump encourage la prudence au cours des prochains mois, même si le nouveau président américain peut surprendre positivement les marchés, avec un programme républicain assez classique.
Pour Tangi Le Liboux chez Aurel bgc, la victoire de Trump est un nouveau choc après le Brexit. Le piège consisterait à penser que le nouveau président des Etats-Unis jouait un rôle pour être élu et qu’il n’appliquera pas la moitié des mesures promises.
Malgré de nombreux contre-pouvoirs et la solidité de la démocratie américaine empêchant une explosion du déficit budgétaire, le stratège évoque des déclarations à l’emporte-pièce pouvant causer des dégâts considérables dans les relations internationales.
Selon lui, les marchés vont continuer leur pilotage à vue, en attendant les déclarations d’intentions et les actions du nouveau président.
Plus de volatilité à prévoir
Les stratèges de la Société Générale insistent sur le caractère imprévisible de Donald Trump, favorisant une hausse de la volatilité. Ils anticipent un possible retour du SP 500 vers le support graphique des 1.950 points. Le risque le plus grand pour les actions vient du projet protectionniste mis en avant par le candidat victorieux.
L’indice Nasdaq des valeurs de technologies devrait souffrir davantage et le marché américain devrait faire mieux que les Bourses européennes, japonaise et émergentes.
Le secteur de la pharmacie aux Etats-Unis, les valeurs européennes de défense (BAE Systems, Leonardo Finmeccanica), après les déclarations de Donald Trump souhaitant que les pays européens de l’Otan augmentent leurs dépenses militaires, et les sociétés impliquées dans les infrastructures (CRH, ACS) devraient être favorisées.
Andrew Garthwaite de Credit Suisse a réduit son objectif sur le SP 500 pour la mi-2017, de 2.300 à 2.200 points, pour tenir compte de la plus grande incertitude. Dans le scénario du pire, si Donald Trump appliquait tout son programme, le risque de baisse est estimé à 10%.
Mais l’anticipation d’une remontée de l’inflation devrait favoriser les arbitrages au profit des actions et au détriment des obligations. La relance budgétaire et la baisse des impôts sont aussi des stimulants pour la croissance et les profits d’entreprises.
Le stratège de la banque suisse prévoit une remontée des taux longs, aux Etats-Unis et partout dans le monde. Il favorise les valeurs financières plutôt que les cycliques qui intègrent déjà une amélioration de la conjoncture. En revanche, il est négatif sur les bond proxies : utilities et biens de consommation.
Des valeurs d'infrastructures et de défense
Parmi les titres privilégiés par Credit Suisse : Thales et Raytheon dans la défense, CRH, Wolseley, Assa Abloy, Johnson Controls, Cubic, Allegion dans les infrastructures, les laboratoires pharmaceutiques faiblement valorisées, les banques et le secteur énergétique si l’accord avec l’Iran est dénoncé.
Julian Emanuel et Omar Elangbawy chez UBS rappellent qu’un pouvoir exécutif et législatif unifié donne historiquement un meilleur résultat boursier que si la Maison Blanche et le Sénat sont de couleur politique différente.
Mais les actions ne font pas un bon score dans les trois mois suivant l’élection, quand les campagnes ont été les plus âpres (Bush contre Gore, Truman contre Dewey, Reagan contre Carter).
Les stratèges d’UBS mettraient à profit un recul du SP 500 sous 2.000 points pour augmenter les achats d’actions, en anticipation d’une meilleure conjoncture en 2017.
Ils conseillent d’acheter des banques régionales (KeyCorp, Fifth Third Bancorp, Citizens Financial Group, BankUnited Inc, etc), des valeurs de santé (Thermo Fisher Scientific Inc, Illumina Inc), des valeurs de défense (General Dynamics, Raytheon, Huntington Ingalls Industry), des valeurs d’infrastructures (Aecom, Tutor Perini Corp, Alstom, Ferrovial).
Le Revenu