Les para-pétrolières dans l’œil du cyclone:
(Bousier.com) - "Nous vivons une rupture comme notre secteur n'en a pas connue depuis vingt ou trente ans !". La déclaration, citée par 'Les Echos' est signée de Thierry Pilenko, le patron de Technip , qui est sans doute l'acteur le plus robuste du secteur. Cela n'a pas empêché le groupe d'annoncer cet été une réduction d'effectifs qui portera sur 6.000 personnes, 16% des effectifs (dont 330 en France, selon les informations du quotidien financier obtenues auprès de la CGT).
La situation des sous-traitants pétroliers est assez inédite, puisqu'ils sont les premiers touchés par la forte réduction des investissements des groupes pétroliers, liée à la chute du prix du baril. Ils sont aussi atteints par les faillites qui se sont multipliées chez les entreprises plus petites ou les acteurs du pétrole non-conventionnel, dont les coûts d'extraction ne sont plus couverts par les cours actuels de l'or noir. Les preuves de l'état d'urgence dans lequel se trouve le secteur continuent à se multiplier, et les cris d'alarmes de ses représentants ne font qu'ajouter à la défiance des investisseurs. Vallourec , l'aciériste qui produit des tubes sans soudure pour le pétrole et le gaz, a lui aussi annoncé un durcissement de son plan de restructuration récemment. Les revenus de Bourbon , qui loue ses navires aux entreprises pétrolières pour acheminer matériel et homme sur les plateformes offshore, ne cessent de s'éroder, comme l'ont encore montré les trimestriels dévoilés hier. Quant à CGG , l'un des leaders mondiaux des services géophysiques, il a annoncé ce matin une perte d'1 milliard de dollars sur le troisième trimestre, 930 suppressions de postes et la réduction de sa flotte de
11 à 5 navires, tout en préparant le marché à une recapitalisation.
Une consolidation compliquée à mettre en oeuvre
Qu'ils soient robustes comme Technip, souples comme Bourbon ou fragilisés comme Vallourec et CGG, la situation des acteurs français du secteur converge sur un point : la visibilité est très faible sur les perspectives 2016 et au-delà. Les analystes pensent qu'un nouveau round de consolidation est inévitable, mais le contexte actuel rendra nécessairement toute opération suspecte aux yeux des investisseurs. Il y a près d'un an, Technip avait tendu la main à CGG en proposant un rachat à 8,30 euros par action, repoussé par le management, avant de renoncer. Le marché avait salué la fin des discussions en faisant flamber l'action Technip. Quant aux actionnaires de CGG, ils ont en travers de la gorge cette volonté de rester indépendant, dans la mesure où 11mois plus tard, leurs titres ne valent plus que 3,70 euros pièce... Quant à rapprocher des entreprises évoluant sur le même segment, on pense par exemple à CGG avec l'un de ses concurrents norvégiens TGS ou PGS, qui sont actuellement dans la même situation que le français, rien n'est moins évident : l'histoire a
montré que fusionner des sociétés traversant une passe délicate est risqué, surtout quand les perspectives sont aussi incertaines.
CGG et Vallourec sont les plus fortes baisses du SBF120 sur deux ans
L'accumulation des mauvaises nouvelles a eu un impact boursier majeur sur le secteur. Ce matin, le tableau fort sombre brossé par CGG entraîne une chute de plus de 10% du titre en bourse. Vallourec est emporté aussi : -6%, tandis que Technip perd -3,5% et Bourbon -2%. Sur les deux dernières années (novembre 2013 / novembre 2015), l'indice SBF120 a gagné 17,5%. Les trois plus fortes baisses proviennent du secteur pétrolier : -78% pour CGG, -76% pour Vallourec et -71% pour Maurel et Prom . Technip, présenté comme plus solide, a néanmoins cédé -35%, 10ème moins bonne performance de l'indice. Bourbon, qui ne fait pas partie de cet indice, a cédé -35% sur la même période.
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