Genfit : la Nash, nouveau far west des big pharmas
Il n'y a plus guère d'actualité à attendre de Genfit d'ici fin 2018 et les premiers résultats cliniques de son médicaments Elafibranor. Mais le titre profite de l'engouement des big pharmas – Gilead Science en tête – pour la Nash.
Genfit a touché, le 1er novembre, son point bas depuis mars 2014. L’augmentation de capital lancée le mois dernier et la dilution associée ont laissé des traces. Mais l’opération a été un succès. La demande des investisseurs a été très forte. Et en trois séances le titre a déjà repris 13%.
Le projet le plus avancé de Genfit, Elafibranor, est un médicament qui vise la stéatose hépatique non-alcoolique ou Nash, une maladie métabolique du foie qui touche plusieurs millions de patients dans le monde. Une étude clinique finale (phase III) est en cours. Les résultats, décisifs pour l’approbation de produit, sont attendus fin 2018.
Autonomie supérieure à deux ans
La société est à présent financée pour aller au bout de cette ultime étape du développement. Sa trésorerie nette s’élèverait, selon nous, à plus de 170 millions d’euros, assurant une autonomie supérieure à deux ans.
La probabilité de réussite de cet essai – qui porte sur 2000 patients – est évaluée, selon les analystes, à 50%… En attendant ces résultats «à quitte ou double», l’action Genfit ne peut compter sur beaucoup de catalyseurs en interne. Mais, autour de Genfit, les choses bougent et le paysage concurrentiel évolue vite dans la Nash, pathologie reconnue comme indication médicale par les autorités de santé américaine (FDA) depuis 2014 seulement et pour laquelle aucun médicament n’est à ce jour approuvé.
Actualité brûlante
L’intérêt de l’industrie pharmaceutique pour la Nash n’est pas nouveau mais l’actualité s’est faite plus brûlante ces derniers jours. Le 20 octobre, Gilead Science a présenté des données cliniques intermédiaires (phase II) pour un candidat-médicament baptisé GS-4997. Celles-ci n’ont pas été jugées très convaincantes par les investisseurs et le cours de bourse de Gilead a nettement baissé. Pourtant le géant américain dit évaluer activement l’opportunité de pousser la molécule en phase finale (III).
Il est vrai que Gilead cherche des relais de croissance alors que ses super-médicaments contre l’hépatite C, Sovaldi et Harvoni, donnent déjà des signes d’essoufflement. Et le géant américain persiste dans la Nash malgré l’échec d’un premier projet, simtuzumab. Derrière GS4997, il lui reste une troisième molécule anti-Nash dans son portefeuille de développement, GS0976, héritée d’un accord de licence signé en début d’année avec la biotech Nimbus.
Lorsque Allergan a lancé une OPA sur Tobira, en septembre, pour un montant six fois supérieure à la valorisation boursière de cette petite biotech, beaucoup d’analystes ont soupçonné Gilead d’avoir été en embuscade et d’avoir contribué aux enchères. Rien n’a été confirmé, sauf la présence effective d’un deuxième acquéreur potentiel dans le processus.
Tobira Therapeutics est une biotech américaine spécialisé dans la Nash. Son programme le plus avancé, Cenicriviroc, devrait entrer en phase III, sous la houlette d’Allergan, début 2017… malgré des résultats de phase II, là encore, très imparfaits, puisque Cenicriviroc n’a pas démontré son efficacité sur le critère principal de résorption de la Nash.
Novo Nordisk sur les rangs
Outre ces deux poids lourds de la pharmacie américaine, un troisième compétiteur a fait parler de lui : Novo Nordisk. Le groupe danois, leader mondial du diabète, est confronté à une dégradation rapide de ses performances sur le marché américain des insulines. Il n’a pas attendu l’arrivée de son nouveau directeur général, prévu en fin d’année, pour revoir à la baisse ses objectifs de croissance.
Les dirigeants ont également promis, fin octobre, d’accélérer les programmes de développement… notamment dans la Nash. Ainsi, Semaglutide un inhibiteur de GLP-1, en phase finale de développement dans le diabète, devrait entrer en phase II dans la Nash d’ici la fin de cette année.
Seules Genfit et la biotech américaine Intercept, ont aujourd’hui des programmes en phase clinique finale (III) dans la Nash.
Genfit devrait profiter de l’engouement croissant des pharmas pour cette indication thérapeutique. Si ce n’est via une OPA sur capital – impossible à anticiper - au moins par une revalorisation de son cours, en ligne avec celui de ses concurrents. Rappelons que Tobira a été racheté pour 550 millions de dollars, hors certificats de valeurs conditionnel (Contingent Value Rights) avec un projet moins avancé qu’Elafibranor.
Quant à l’accord de licence avec Nimbus – pour un seul produit en phase I – il a fait l’objet d’un paiement immédiat de 400 millions de dollars.
Le Revenu